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veloutées, de bruyères et de fougères, elles aboutissent toutes à un rond-point et à leurs extrémités opposées laissent entrevoir, les unes, le lac aux reflets bleus et verts, les autres, les Alpes si écrasantes et si sublimes.

On se croirait dans des savanes, au pied des Cordilières !

J’ai ouï dire que cette forêt, dont l’abandon augmente le charme, est l’exacte reproduction du plan de Turin ; les huit allées qui la coupent figurent les huit rues principales de la capitale des États Sardes, et le rond-point la place centrale d’où elles rayonnent.

Cette merveille appartient au marquis d’Allinge-Coudré, qui n’est peut-être jamais venu la voir, qui peut-être ne sait pas même qu’elle existe.

En regagnant la route de Thonon, j’ai avisé dans une prairie un vieux petit gardeur de vaches assez bizarrement accoutré : il porte un chapeau à cornes rapé, un habit de toile grise coupé à l’antique, sur le dos duquel descendent ses cheveux liés et formant une grosse queue, il a des culottes faites d’une toile semblable à celle de l’habit, enfin ses jambes grêles sont dessinées par des bas bleus.

C’est un berger de l’ancien régime.