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sapin pendait en guise d’enseigne, suivant l’usage campagnard, au toit dont le bord était très large.

Dès que j’eus mis les pieds dans ce lieu étroit, peu aéré, affreusement malpropre, je sentis des fourmilières de puces faire l’ascension de mes jambes, et des nuées de mouches vinrent bourdonner à mes oreilles.

Un homme soufflait un feu de ronces sèches avec un long tube de fer terminé par une petite fourche, une lampe à bec en cuivre était pendue à un gros clou et noircissait la muraille.

— Qu’avez-vous à me servir pour souper ? demandai-je à l’hôtesse qui me regardait d’un air hébété.

— De la soupe et des œufs, dit-elle, faut-il vous en faire cuire une douzaine ?

La proposition m’effraya et j’en inférai que les habitants d’Yvoire sont doués d’un appétit pantagruélique.

J’étais sûr de ne pas mourir de faim.

Il ne s’agissait plus que de prendre une détermination au sujet de l’apprêt des œufs.

Cela me parut si grave que je voulus y réfléchir quelques minutes à tête reposée ; je me bornai donc, pour le moment, à demander du potage, et l’on me fit passer dans une autre petite pièce.

Je m’assis au bout d’une table occupée par quelques buveurs qui ressemblaient plutôt à des animaux qu’à des êtres humains, dont le langage était une sorte de