Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était abondante, châtiée, poétique, et il eut un auditoire nombreux et assidu : on accourait des Cantons et de l’Allemagne pour suivre ses leçons, écouter ses sermons : les femmes surtout raffolaient de sa personne, et prônaient en tout lieu son mérite que rehaussaient un extérieur séduisant et distingué et des manières de gentilhomme. On nous peint Théodore de Bèze, à cette époque, sous les traits d’un damoiseau plein de grâce, à la figure fine, éveillée, mobile, aux yeux grands et expressifs, au nez aquilin, aux cheveux blonds bouclés, à la taille noble ; ses vêtements étaient élégants et musqués, il portait toujours une fraise propre, coquette, bien plissée, et des gants parfumés à la mode d’Italie. Il montait à cheval mieux qu’un écuyer de cour, s’adonnait à l’escrime, jouait fort bien à la paume, et de plus versifiait en français et en latin galamment, érotiquement et avec beaucoup d’aisance.

Tu vois, mon ami, qu’il avait reçu une éducation complète à qui est destiné à l’état ecclésiastique et à la prédication.

Mais plus tard il s’amenda. Voici sommairement sa vie : Il reçut le jour à Vezelay, près d’Avallon, en Bourgogne, en 1519, et fut baptisé dans l’église même où saint Bernard avait prêché la croisade. Son oncle lui résigna un prieuré qu’il possédait, après lui avoir fait étudier le droit et la théologie à Orléans. Théodore ne se sentait du goût que pour la poésie, et se mit à rimer bon nombre