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présentant à eux en grommelant comme un gros chat noir effarouché[1] ; quelquefois il venait siffler à leurs oreilles comme un brigand, et continua fort longtemps telles ou pareilles insolences et singeries, à l’étonnement d’un chacun, et en particulier des prêtres voisins, qui allaient par intervalle visiter, consoler et encourager ces pauvres ermites, et qui contribuèrent beaucoup à leur bâtiment. »

François de Sales donna un règlement définitif, des constitutions écrites à ces solitaires, qui auparavant « vivaient à leur fantaisie ; » il leur prescrivit dans quinze articles comment ils devaient employer le temps, prier, se mortifier, se discipliner ; il voulut qu’ils exerçassent l’hospitalité, qu’ils observassent le silence et fussent vêtus « d’une soutane de drap blanc battant sur les talons ; sur la soutane, d’un manteau en façon de rochet jusqu’à mi-jambe ; et sur le manteau, d’un camail, avec le capuce rond ; » il leur permit « de porter du linge, à cause de la mondicité, excepté au lit. »

Je n’ai pas pensé à m’enquérir de la situation actuelle de l’ermitage, et j’ignore s’il est encore habité.

Trop consciencieux observateur et lecteur, je t’assomme, cher Émile, de tout ce qui a trait aux lieux

  1. Il est à remarquer que dans certains pays les chats noirs sont un objet d’horreur pour les gens superstitieux ; dans d’autres, au contraire, on les aime et on les regarde comme des animaux portant bonheur à ceux qui les possèdent.