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les conserver ; les Savoyards au contraire n’en possèdent aucunes, et, plongés dans une apathie complète, une indifférence profonde ou un découragement absolu, ne font rien pour devenir indépendants.

À quoi attribuer une dissemblance si prononcée, si frappante, et que personne n’oserait nier à moins de fermer les yeux à l’évidence ?

La réponse est facile .

À la différence de religion et de gouvernement.

Chez les protestants on moralise l’homme, on l’éclaire, on le civilise, on lui apprend à vivre en société, on lui prêche non seulement l’Évangile, mais encore on lui recommande tout ce qui concourt à le rendre heureux, à faire le bonheur de ses semblables. — On lui parle de l’autre vie, mais aussi de la vie terrestre et des devoirs réciproques que nous impose celui de qui nous la tenons ; enfin on le nourrit de la pure parole divine sans alliage de patenôtres vaines, de momeries inutiles, de cérémonies théâtrales, d’impudentes charlataneries.

Chez les catholiques, on lui fait adorer du bois, du fer, de la poussière, des os, du marbre ; on lui impose des pratiques étroites et sottes, — traditions des temps d’ignorance et de superstition ; — on étouffe l’esprit, l’intelligence et la raison, qui nous ont été donnés pour que nous en fassions usage ; on recommande une niaise crédulité, une foi bête, une aveugle et sourde soumis-