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avec soin, et que leurs maîtres, vivant à la cour de Turin, visitent rarement, laissent à des fermiers ignares et routiniers.


Transportons-nous maintenant par la pensée sur l’autre rivage, dans le protestant canton de Vaud : ici le spectacle change brusquement, on se figure être à cent lieues du Chablais, l’on a peine à en croire ses yeux, l’on est émerveillé et l’on se demande pourquoi cette prospérité générale d’un côté, et de l’autre cette complète misère ? pourquoi Dieu, si contraire à ses enfants de la rive gauche, se montre si propice à ceux de la rive droite ?

Mais ne cherchons pas à sonder ce mystère.

Le canton de Vaud, beaucoup moins fertile naturellement qu’une grande partie du Chablais, est cependant plus riche, l’agriculture ne laisse rien à désirer, les villages sont bien bâtis, il y règne une certaine élégance et un ordre parfait, l’instruction première est répandue dans les classes inférieures, la mendicité n’existe point, les costumes des paysannes montrent une coquetterie champêtre qui plaît, il y a de la distinction jusque dans la forme évasée des hottes d’osier et des brantes à vendanges.

Les Vaudois sont en possession de toutes les libertés qu’une nation puisse désirer et se montrent jaloux de