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qui, juchés sur ces murailles brunies, tremblaient à l’orage, puis j’ai gravi l’escalier pratiqué dans cet énorme tube de pierres et suis allé m’asseoir sur la plate-forme, d’où l’on découvre les deux bords, là je me suis pris à faire ces réflexions :

N’est-il pas fâcheux, n’est-il pas malheureux que cette vallée du Léman ne forme point un seul et même État ? Les rapports des Savoyards et des Vaudois sont gênés, entravés, difficiles ; il faut l’attribuer aux douanes sardes et à la différence radicale de l’organisation politique dé ces deux peuples, qui n’en formèrent qu’un sous le sceptre des derniers comtes et des premiers ducs de Savoie.

Bon nombre d’habitants de la rive droite, — c’est-à-dire du Pays-de-Vaud, — n’ont jamais mis le pied sur la plage opposée, et beaucoup de Savoisiens qui pourraient se rendre en peu d’heures à Lausanne ne connaissent cette ville que de nom.

N’est-ce pas inimaginable ?


M. Joseph Bard fait remarquer dans son excellente notice sur Genève, publiée dans la Vénus d’Arles, que les noms de la plupart des localités qui entourent cette ville sont d’une euphonie, d’une grâce toute charmante, — et il cite, à l’appui de son dire, ceux de Cologny, d’Hermance, de Chambézy, de Prégny. —