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C’était une abbaye de religieuses de l’ordre de Citeaux, qui fut détruite par les Genevois et les Bernois en 1530. Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel, voulut établir là, en 1671, un port et une citadelle riveraine pour nuire au commerce de Genève et inspirer en même temps à cette ville des alarmes au sujet de son indépendance.

Cette fantaisie faillit rallumer la guerre.

Après avoir longé longtemps une grève de galets et de sables battus furieusement par les eaux agitées du lac, et traversé de boueux sentiers qui traversent un amphithéâtre de vignes, j’ai atteint le gros village d’Hermance à l’extrême frontière du canton de Genève, sur un terrain fort inégal qui s’abaisse de la route au Léman.

Ce village catholique, cédé en 1816 par la Savoie au canton de Genève, est près d’un ruisseau qui porte son nom ; on y remarque la très grosse, très antique et très haute tour ronde, construite avec de solides blocs de silex, qui le domine et qui dut faire partie du château de ses anciens barons ou des murs de son enceinte. Cette construction, quoique fort élevée, l’est pourtant moins qu’autrefois ; le propriétaire de la campagne dans laquelle elle est enclavée a eu l’originale idée de créer à son faîte actuel un jardin planté d’arbres. J’ai contemplé longtemps d’en bas les vigoureux sapins