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se trouvèrent à l’unisson de la disposition mélancolique de mon esprit.

Par un temps pareil je devais entendre une sonnerie pareille.

— Où sonne-t-on les cloches, là-bas ? demandai-je à un enfant qui passait.

— À Meiny, me répondit-il, c’est un village catholique.

Il m’importait peu qu’il le fût ou non.

Pensant que cette musique métallique ne pouvait être que celle d’une de ces bonnes vieilles églises campagnardes qui font songer à Dieu bien mieux que les temples païens de Notre-Dame-de-Lorette, de la Madeleine et de Saint-Vincent-de-Paul, je me détournai de ma route ; je ne trouvai qu’une église des plus ordinaires, avec un clocher carré parfaitement neuf et blanchi à la chaux.

D’où je conclus qu’il ne faut pas juger de la figure des gens par leur voix.

En regagnant la route, j’ai failli m’embourber dans une plaine vaseuse pour voir les presque imperceptibles restes de Rouelbau ou Roillebau, château de chasse des ducs de Bourgogne, qui s’élevait autrefois au milieu des marais.

J’ai passé ensuite à Bellerive, — vaste maison d’exploitation rurale, à gros pavillons épais et lourds, sur une saillie du rivage, vis-à-vis de Genthod.