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neiges alpestres, par de là le Léman, se teignirent d’un carmin pâle, et l’azur de leur base s’assombrit.

Je n’ai jamais contemplé plus poétique, plus ravissant spectacle ! Rien n’est admirable, tu le sais, comme le coucher et le lever du soleil dans les Alpes éternelles !


Lausanne est entouré d’un réseau de cotages, de villas qui ont, pour la plupart, des noms gracieux, exprimant leur position, leur physionomie, ou bien de pure fantaisie ; ces noms se lisent à la grille d’entrée presque partout ouverte au public, ce qui n’est point d’usage dans notre pays, où chacun veut être libre chez soi, et ne pas subir l’importunité de continuelles visites. Pendant l’été de 1839 que je passai à Lausanne, je vis souvent, le dimanche, des familles d’artisans installées sur l’herbe et faisant collation dans la campagne du riche M. Aldimann avec autant de sans gêne que des boutiquiers parisiens savourant le cervelas à l’ail et le vin à douze sur les gazons de Vincennes ou de Romainville.

Les plus remarquables campagnes sont celles de Villamont où résida le grand Haller, de Monrepos, dont j’aurai bientôt l’occasion de te reparler ; de Valency, près de Prilly, de Beauséjour où logea Napoléon et a demeuré, en 1840, le poète polonais Adam Misciewizc qui occupait alors une chaire de littérature latine à l’Académie de Lau-