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allées de Saint-Antoine à Genève, très haut perché, qui, par sa position, rappelle un nid d’hirondelles au faîte d’un mur, et que l’on est tenté de prendre pour une masure féodale.

De ce sommet aride qui reçoit de temps en temps la visite d’un touriste, d’un chasseur, d’un pâtre, on peut, par un temps clair, compter tous les bourgs et villages de la république genevoise que l’on découvre à vol d’oiseau.

Il m’a semblé qu’une gigantesque carte géographique-panorama fort détaillée, comme celles que l’on fait chez nous pour le dépôt de la guerre, — venait d’être déroulée à mes pieds.

Je me suis assis près de l’abîme, sous les rochers menaçants de la Balme-du-Démon, et, au milieu de toutes sortes de rêvasseries, ma pensée s’est reportée malgré moi sur Calvin, sur sa ville, et l’affreuse époque des persécutions.

Il y a eu à Genève huit procès criminels célèbres pour cause d’opinions religieuses ou irréligieuses, si tu aimes mieux.

Les voici par ordre de date :

Celui de Jacques Gruet, décapité, en 1547, pour crime d’impiété et de lèse-majesté — divine apparemment ; — trois ans après, on trouva chez lui un écrit de sa main qui fut brûlé par celle du bourreau. C’était un tissu de blas-