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À quoi faut-il s’en prendre ?

À la vivacité extrême de l’air et de l’eau.

Avoir une dent contre quelqu’un ou montrer les dents, sont des façons de parler très hasardées dans ce pays.


Je suis monté, cet après-midi, sur la montagne qui domine la ville et dont le point culminant a nom le Signal, j’ai gravi un chemin sur le flanc du vallon du Bout du Monde au fond duquel coule le ruisseau du Flon, et traversé quelques bancs de roches, puis je me suis trouvé dans l’épaisse forêt de Sauvabelin — Sylva Bellini — où les antiquaires croient que les druides adoraient Bélus.

Du reposoir du Signal, maisonnette dont le toit avancé est soutenu par des piliers, I’on découvre une grande partie de la contrée : Lausanne s’étage sur ses croupes, le lac découpe ses bords enchanteurs semés de nombreux villages, la haute et vieille tour d’Ouchy, port de la ville, se détache sur l’eau, et les vertes pentes de Lavaux avec leurs vignobles si bien cultivés descendent mollement à la rive.

Il faisait du vent, le lac se moirait de grandes taches blanches, deux voiles latines gracieusement penchées se montraient au large du côté de Meillerie, le soleil empourprait de ses rayons horizontaux les chênes de Sauvabelin ; quand il eut disparu derrière le Mont-Tendre, une des plus hautes sommités du Jura, les