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Des écrivains catholiques nous montrent la précoce décrépitude de Calvin avec l’intention de nous persuader qu’elle fut un châtiment céleste, un signe de la colère de Dieu ; ils nous peignent avec une sorte de complaisance le teint jaune et cadavéreux du Réformateur, sa face maigre et osseuse, son front dépouillé, ses lèvres blanches ; ils nous parlent de sa migraine opiniâtre, de son catarrhe tenace, de ses autres infirmités.

Pour moi, je ne vois dans tout cela que les misères d’un homme d’un tempérament débile qui a passé sa vie à creuser péniblement la science, à scruter les choses, à étudier, à interpréter les textes sacrés, à apprendre les langues orientales, à gouverner un peuple remuant dont il voulait extirper les vices aux profondes racines, à fonder une église et à la défendre, à faire des livres de controverse, de polémique et de doctrine, des sermons et des décrets, des homélies et des ordonnances, à discuter ou plutôt disputer aigrement sur des sujets arides, desséchants et abstraits par excellence.

Le travail de l’esprit use bien plus que celui du corps.

J’ai lu dans l’Institution chrétienne l’explication que Calvin donne de son dogme de la Prédestination, — système qui tend à prouver que Dieu a fait choix d’avance de ses élus et a marqué d’un sceau fatal les réprouvés ; qu’ainsi les œuvres ne sont d’aucune valeur, d’aucune