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vengeance, avait tout vu de la fenêtre d’une maison du voisinage.

Ne crois-tu pas lire l’histoire de l’inquisition d’Espagne ?

Bèze essaya de justifier la conduite de son patron et publia, en 1554, un livre intitulé : Fidelis expositio errorum Michaelis Serveti et brevis eorundem refutatio, ubi docetur jure gladio coercendos me hæreticos[1].

La Suisse fit encore d’autres martyrs ; Berne voulut imiter Genève, — exécrable émulation ! — En 1566 elle mit à mort un nouvel anti-trinitaire, Gentilis, qui n’avait pas voulu désavouer ses doctrines ; mais, moins cruelle, elle se servit de la hache.

Où étaient donc les chrétiens au seizième siècle ?

Je les cherche en vain dans les rangs des protestants comme dans ceux des catholiques, et je ne trouve que des bourreaux implacables, de féroces disputeurs, massacrant leurs frères tout en invoquant, — dérision impie, sacrilége, — le nom du Dieu de paix, de mansuétude, de bienveillance et de charité.

En 1632 Calvin était mort, mais sa fureur intolérante vivait encore à Genève, qui éleva un second bûcher. — La Suisse a sa trinité d’anti-trinitaires mis à mort. — Un nommé Nicolas Antoine, natif de Briey, en Lorraine,

  1. Fidèle exposition et brève réfutation des erreurs de Michel Servet, où il est enseigné que les hérétiques doivent être châtiés par le glaive.