Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ayans eu bonne participation de conseil avec nos citoyens, et ayans invoqué le nom de Dieu pour faire droit jugement, seans pour tribunal au lieu de nos majeurs, ayans Dieu et ses saintes Écritures devant nos yeux, disans : au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; par cette nostre définitive sentence, laquelle donnons ici par escrit, toy Michel Servet condamnons à devoir estre lié et mené au lieu de Champel et là devoir estre à un pilotis attaché et bruslé tout vif avec ton livre, tant escrit de ta main qu’imprimé, jusques à ce que ton corps soit réduit en cendres ; et ainsi finiras tes jours pour donner exemple aux autres, qui tel cas voudraient commettre. Et à vous nostre lieutenant commandons nostre présente sentence, faites mettre en exécution. »

Après la lecture, un estafier donna un coup de sa baguette au condamné, qui tomba à genoux criant lamentablement :

— Par grâce, le glaive et non le feu !... le glaive ! ou je risque de perdre mon âme dans le désespoir... Si j ai péché, c’est par ignorance.

Farel l’ayant relevé le pressa dans ses bras et lui dit d’un ton qu’il s’efforçait de rendre pathétique :

— Confesse ton crime, et Dieu aura pitié de ton âme.

— Je ne suis pas criminel, répliqua Servet, et je n’ai pas mérité la mort ; que Dieu me vienne en aide et me pardonne mes péchés.