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de plus. Près du Casino, dans un chemin ombragé, se cache une petite fontaine avec deux bancs de pierre ; ce lieu se nomme Georgette : c’est là, m’a-t-on dit, que ces demoiselles viennent donner leurs rendez-vous.

Les femmes de la Suisse m’ont paru généralement grandes et bien tournées, mais leur personne exhale quelque chose d’impassible et de glacial : l’élément français apporté par les rapports de voisinage, le service militaire et les réfugiés si nombreux de la révocation de l’édit de Nantes, a été tempéré, refroidi par l’élément germanique apporté par la conquête bernoise. Les Vaudoises sont des Allemandes qui parlent, sans accent tudesque, un français gâté par beaucoup d’expressions et de locutions locales.

Chez nos voisins le sang est beau, les formes sont vigoureusement accusées, harmonieuses, potelées. Le sexe a une exubérance de sève qui lui donne une tournure hommasse, et rend trop criard peut-être le vermillon des visages. L’excès en tout est un défaut, je n’en excepte pas celui de santé qui produit quelquefois la maladie.

J’ai souvent éprouvé cette déception :

J’admirais de jolies bouches de jeunes filles et de jeunes femmes ; tout à coup, s’ouvrant pour parler ou pour sourire, elles me montraient de vilaines dents en ruine, des vides fâcheux et prématurés.