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en argent massif, remplissaient Notre-Dame au moment où les Bernois faisaient la conquête du pays de Vaud (1535), et s’emparaient de Lausanne ; ces richesses allèrent grossir le trésor de Berne. Nos troupes s’étant rendues maîtresses de cette ville, au temps de la République, firent main-basse sur ledit trésor qui, on me l’a assuré, servit aux frais de l’expédition d’Égypte. C’est ainsi que les voleurs furent volés, si toutefois on peut appeler vol une prise de guerre.

Les promenades de Lausanne sont charmantes, surtout par leur position au sommet d’un amphithéâtre de vergers, de jardins et d’enclos au bas duquel le lac étend sa nappe sereine et splendide, déploie ses magies éblouissantes. J’aime Montbenon, esplanade solitaire plantée de gros tilleuls, au sortir de la ville, du côté de Genève, endroit où la rêverie et la causerie sont plus douces que partout ailleurs, quand les recrues de la milice ne s’y exercent pas au maniement du fusil. La jolie petite terrasse du Casino est beaucoup plus fréquentée : le jour, en été, on y voit des bonnes d’enfants, des étudiants qui fument leur cigare, et des étrangers en extase devant le lac richement miroité par le soleil : le soir amène les grisettes, — car il y en a ici et de fort avenantes, je t’assure, — les modistes des rues Saint-François et de Bourg, qui sont presque toutes de jeunes juives très brunes et très agaçantes pour ne rien dire