Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quatre aiguillettes, fines et légères, d’un très bon effet. De quoi te parlerai-je donc, car il faut bien que je t’entretienne de quelque chose ? Attends... Encore un mot sur la cathédrale, qui, bien que calvinisée, porte toujours le nom de Notre-Dame.

Les catholiques, qui sont en bien petit nombre à Lausanne, ne peuvent se consoler de que cette colossale nef n’a plus d’autels où fume l’encens, plus de tableaux, de châsses, de flambeaux, de reliques, d’orfévreries, de statues, et ne retentit maintenant que des psaumes de l’hérésie, n’abrite que les prédications de l’erreur. L’évêque, dit de Lausanne, résidant à Fribourg, pépinière du jésuitisme helvétique, partage la désolation de son troupeau au sujet de la cathédrale. On prétend que toutes les fois qu’il vient à Lausanne, il se rend incognito, ou du moins sans bruit, dans l’église où il se promène seul et en toute liberté après avoir donné un pour-boire au concierge, — j’ignore si le mot bedaud est usité chez les protestants. — Il tire alors son bréviaire, marmotte en marchant les prières de la messe, et croit par là purifier l’église, lui rendre sa bonne odeur de sainteté antique, détruire au moyen de cet exorcisme les miasmes pestilentiels de la profanation.

Des richesses considérables dont je pourrais te donner le catalogue, et parmi lesquelles on comptait un grand nombre d’images de saints et d’apôtres en or et