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nente qu’il fait à ses descendants ; en voici à peu près la traduction :

« Au nom du Seigneur très excellent et très grand, ceci, mes enfants, est ma dernière volonté et mon dernier souhait pour vous : jouissez du doux repos que je vous ai acquis par beaucoup d’inquiétudes, par des moyens honnêtes, en dépit des orages et des traverses qui m’ont assailli. Ce repos vous sera assuré si vous servez Dieu et suivez les traces de votre père. Mais en agissant autrement vous ne pourrez pas avoir le bonheur. Votre père, qui vous a été deux fois père, qui vous fait cette recommandation, par lequel et non pas duquel vous avez reçu l’être et le bien-être, Théodore Agrippa d’Aubigné, octogénaire, a voulu écrire ces choses pour que vous vous en serviez comme d’un témoignage honorable si vous héritez de son ardeur pour l’étude, ou pour qu’elles vous soient un reproche déshonorant (opprobramentum) si vous dégénérez.

» Il est mort le 29 avril 1630. »

Je ne pense pas qu’il existe ailleurs une plus excentrique épitaphe. On y sent l’affaiblissement intellectuel causé par la vieillesse. D’Aubigné, obligé de quitter sa patrie sous Louis XIII, à cause de sa fameuse Histoire universelle qui fut livrée aux flammes par arrêt du parlement de Paris, trouva un refuge agréable à Genève où il vint précipitamment avec trois cent mille écus cachés