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Il y avait là jalousie basse, crasse ignorance historique ou insigne mauvaise foi.

Dans mon indignation j’ai saisi une plume et j’ai écrit au rédacteur pour réfuter toutes ces sottises.

Après je m’en suis repenti.

À quoi bon avoir pris cette peine ? le ridicule n’est-il pas là pour faire justice de l’insensée diatribe du publiciste roman : son journal, qui s’imprime à Nyon, ne se lit guère que dans le district de cette petite ville.

Il y a beaucoup de forfanterie, de jactance, d’outrecuidance républicaine chez certains journalistes vaudois et genevois prenant leur pays trop au sérieux. Il arrive parfois à ces messieurs de parler de nous assez cavalièrement, assez irrévérencieusement, surtout depuis la quasi-rupture à propos du jeune Napoléon-Louis ; chez nous on ne s’en aperçoit pas ou on ne fait qu’en rire.

Les roquets sont plus hargneux que les dogues ; les dogues ne s’émeuvent guère des aboiements des roquets.


J’ai trouvé dans ma chambre une carte de l’Europe collée au mur, et comme je l’examinais avant de me fourrer entre deux draps, je fus frappé de la mauvaise, de la pitoyable distribution des États qui composent ce continent, et je me mis à construire une utopie fort belle sur son remaniement général, avec la supposition