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Les maisons de Ferney sont en grande partie des bouchons, des cafés, des cabarets, des auberges et des hôtels, ce qui indique une grande affluence de voyageurs. Pourtant j’ai eu de la peine à trouver un gîte, soit que mon modeste équipage indiquât un étranger dans l’impossibilité de faire une grosse dépense, soit que toutes les hôtelleries fussent véritablement encombrées. Enfin, après beaucoup d’allées et de venues, j’ai été hébergé dans un assez mauvais restaurant tenu par un boucher.


Je trouve ici des journaux de Paris et je les dévore comme un homme affamé de politique et de nouvelles, car depuis mon départ de Lausanne je n’ai pu mettre la main que sur un vieux numéro du Journal du Léman que je rencontrais invariablement dans tous les villages de ma route. C’était une maigre pitance, par ma foi !

Cette feuille écrite en patois roman m’a paru hostile à notre pays. J’y ai lu avec stupéfaction des inepties prodigieuses et entre autres celle-ci (je ne me rappelle que le sens de l’article) :

La France n’a dû sa gloire qu’à Napoléon... Avant lui nous n’étions rien, après lui nous ne pouvons rien être... Notre histoire est infiniment moins riche en grandes actions que celle de la Suisse... Nous sommes la dernière des nations, etc.

Deux ou trois colonnes dans le même goût !