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folies de ce genre dont on parle depuis quelques soixante ans. — Tu sais mon horreur pour les redites et j’aime à croire que tu la partages.

La première fois que je vis Ferney, je fus considérablement désappointé, je trouvai certes l’avenue belle, l’habitation spacieuse, le pays sain et joli, rien ne me parut très remarquable, mais je me dis :

C’est Ia demeure de Voltaire.

Donc tout voyageur lettré ou non, littérateur ou calicot, croit ne pouvoir pas se dispenser de l’honorer de sa présence... Il se détourne de sa route et vient voir... quoi ?

Une couchette comme il y on a beaucoup dans les garnis du quartier-latin, des siéges Louis XV comme on en trouve partout, des lambris qui n’ont rien de trop luxueux, une chambre très ordinaire et parfaitement dévastée, un jardin distribué comme tous les jardins, un montreur bavard, ennuyeux et sot comme tous les individus de cette espèce, et tendant la main, dans le vestibule, à la sortie, pour recevoir son salaire ; — cet homme explique, selon l’usage, ce qui n’a nul besoin d’explication.

C’est tout.

On s’en va peu satisfait, peu émerveillé au fond, mais on peut dire sans mentir :

J’ai visité Ferney.