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tère et par un rare talent musical. — Aussi Huber, disait-il, attendri : « Je me réjouis d’avoir perdu la vue, car sans cela je ne saurais pas jusqu’à quel point on peut être aimé. » — Pourtant quoi de plus affreux que d’être privé de la vue à Prégny !

Ces époux vécurent ensemble quarante ans, Mme Huber mourut la première.

Oh ! qu’alors la nuit dut être plus noire pour l’aveugle ! pour celui qui avec une femme et un familier a surpris à la nature quelques uns de ses secrets, a complété les travaux de Bonnet et de Réaumur, a vu ce que d’autres savants qui pouvaient se servir de leurs yeux n’ont pas su voir.

Huber s’est occupé de tout ce qui a trait aux abeilles ; son fils, auquel il avait inculqué le goût des observations entomologiques, mit en ordre ses matériaux, et non moins épris de l’amour de la science, s’adonna à l’étude des fourmis, dont il est un des meilleurs historiens.


Genève, si riche en hommes éminents dans toutes les branches des connaissances humaines, a produit des naturalistes du plus haut mérite : De Candolle, dont le nom est européen ou plutôt universel ; Bourrit, d’abord chantre de la cathédrale ; Jurine, qui fut aussi médecin ; Senebier, qui fut aussi bibliographe, pasteur à Chancy,