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— autre sage, autre philosophe, autre amant de la nature, — je veux parler de celui dont Cuvier écrivit l’Éloge historique, de celui que Charles Nodier nomme dans un de ses opuscules le Fénélon de la science, le Platon des temps modernes ; je veux parler de Charles Bonnet dont (par l’effet d’un oubli inconcevable) on s’occupe peu aujourd’hui.

L’auteur si pur, si ingénieux de Jean Sbogar fut frappé à bon droit de cette indifférence du siècle pour un auteur qui joint à l’éclat de la forme la grandeur, l’élévation, l’originalité du fond, la science enfin ; voici un passage de ce qu’il publia dans la Presse, il y a quelques années :

« ..... Bonnet l’emporta sur ses prédécesseurs et peut-être sur les plus heureux de ses rivaux par la magnificence d’un style qui devait tout à l’inspiration, qui ne devait rien à l’art, comme par l’infaillible perspicacité de ses observations. Si quelqu’un a parlé de la nature avec une autorité qui tient de la révélation, c’est incontestablement Charles Bonnet. Si les ouvrages d’un grand homme ont jamais trahi le secret d’un ange qui a été admis à la confidence de celui du Créateur, ce sont les ouvrages de Charles Bonnet, dont le nom à peine connu m’a peut-être l’obligation de reparaître pour la première fois après vingt ans dans des pages destinées à une publicité éphémère. Il n’était pas ignoré de Voltaire, qui