Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai vu peu de bas-bleus qui ne fussent laids, ridicules à force de prétentions et d’un âge respectable, — ce qui fait que je respecte infiniment et respecterai toujours de même cette variété du beau sexe. La femme veut toujours plaire, et quand elle n’est ni jeune ni jolie, elle cherche à se faire de la littérature un moyen de séduction, elle écrit. Je sais des dames-auteurs jouissant d’un certain renom, que l’on courtise pour la beauté qu’elles n’ont jamais eue, pour l’esprit de bon aloi qui leur manque. — Il y a des hommes qui s’enchaînent à elles par pure vanité, pour être remarqués, pour faire leur chemin. — Que je les plains !

Vive la femme suffisamment illettrée, dont la pensée n’habite pas les hautes et éthérées sphères de l’intelligence ! elle se voue aux devoirs que la nature lui a imposés, c’est-à-dire aux soins domestiques, élève ses enfants, contrôle les comptes de sa cuisinière et de sa blanchisseuse, et sait manier l’aiguille, — les chausses de son mari s’en trouvent bien.

J’aurais, pour ma part, le mauvais goût de préférer une jolie jeune fille sans idées littéraires et n’ayant pas un visage dévasté par le génie à toutes ces rêveuses insupportables, à toutes ces femmes de lettres que la sotte manie de faire parler d’elles empêche de dormir et d’être femmes. Je déclare, en outre, que si j’appartenais au sexe