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de la France ; je vais explorer en détail cette admirable vallée que plusieurs États se partagent, et suivre le littoral du lac qui figure un croissant irrégulier : je verrai donc successivement le Canton de Vaud, l’ancien Pays de Gex, région transjurane qui forme un des arrondissements du département de l’Ain, la République et Canton de Genève, le Chablais, — une des provinces du duché de Savoie, — enfin l’extrémité septentrionale du Valais où le Rhône se jette dans le Léman.

Ce sera un véritable voyage d’artiste, un pèlerinage aventureux, capricieux, à travers champs, par monts et par vaux, car, tout en suivant l’itinéraire que je t’ai tracé, je pourrai parfois dévier de ma route pour voir un lieu célèbre ou pittoresque, mais j’y reviendrai par un autre chemin ; j’ai pris tous les renseignements, je me suis fait donner toutes les indications topographiques nécessaires, j’ai étudié les annales de ces parages : on visite avec plus d’intérêt les endroits dont on sait l’histoire. Pour bien connaître un pays, il faut le parcourir à pied, ne pas épargner le temps, n’être pressé par aucune affaire, n’avoir en tête aucun souci, s’abandonner au hasard, à l’imprévu, à la fantaisie du moment ; partir sans savoir où l’on dînera, où l’on couchera ; songer, méditer, prendre des notes, mais n’en pas prendre trop, car le soin d’écrire dérange la pensée et fait qu’on observe mal à force de vouloir observer bien ; ne pas se charger de bagage