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fastueux, que de l’humble condition des apôtres à la morgue et à la vanité de nos évêques se donnant pour leurs successeurs.

Le clocher et le toit de l’auvent de cet oratoire champêtre, poétique par ses détails, sa vétusté, sa pauvreté même, sont faits de planchettes de sapin d’un gris ardoisé, ordinaire couverture des maisons du Jura, ce qui nous explique la destruction par incendies de Saint-Claude en 1799 et de Salins en 1825.

Une paysanne de Vesancy me dit qu’une vieille dame était venue tout récemment dans le village, qu’elle n’avait pas revu depuis notre première révolution.

À l’aspect du château, elle essuya ses yeux humectés par l’émotion et le contempla longtemps ; ensuite elle se rendit à l’église, en reconnut parfaitement les moindres objets, retrouva le banc de famille où elle prenait place tous les dimanches au temps de sa jeunesse, alla s’y asseoir, et, la tête dans ses mains, évoquant de chers ressouvenirs d’autrefois, elle pleura délicieusement. Je n’ai pu avoir de renseignements précis sur cette vieille dame.


Je suis à Gex, chef-lieu du pays de ce nom, qui forme un arrondissement du département de l’Ain.

Ce pays produit des fromages fort connus, des moutons-mérinos qui ne le sont pas moins, et la ville, bâtie