et par contre en certaines localités les protestants français se rendent au prêche dans le canton de Genève. Les deux communions semblent vivre en bonne harmonie, mais j’ai remarqué dans l’une et l’autre une certaine affectation à remplir les pratiques prescrites, une exagération de piété, une ostentation de recueillement et de componction en vue du prosélytisme, pour édifier le prochain, gagner des consciences et montrer que le culte auquel on appartient est professé d’une manière plus parfaite.
Les deux camps se piquent d’émulation ; c’est à qui fera preuve de plus de zèle et de ferveur dans l’accomplissement des devoirs religieux.
Partout dans l’arrondissement de Gex comme dans la bigote Savoie, on voit, au bord des chemins, des croix énormes en bois, en pierre ou en fer, avec accompagnement d’outils de la passion et de passages du rituel romain, partout des niches de saints et de madones, partout des béguines encapuchonnées, des frères dits de la doctrine chrétienne, des soutanes, des rabats et des guimpes : c’est un cordon sanitaire religieux ; le clergé catholique veut neutraliser autant que possible le contact moral des idées de Genève, le voisinage du calvinisme si dangereux pour... ses intérêts.
Avant notre première révolution, les jésuites de France, ces soldats infatigables et tenaces, ces apôtres