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Claude ; mais ayant trouvé les routes fermées, ils furent obligés de se frayer un chemin à travers les cimes de Joux, les grandes forêts désertes et escarpées. Tourmentés par le froid et par la faim, ces hommes, pleins d’un dévoûment généreux, ne se laissèrent décourager par aucun obstacle, et après avoir erré tout un jour dans les bois de sapins, ils descendirent, le 9, dans le vallon où est le village de Saint-Cergues ; mais ils n’y trouvèrent ni habitants, ni vivres d’aucune espèce ; on s’était enfui à leur approche ; — ce fut pour nos Suisses une grande déconvenue, et ils durent se nourrir, disent les relations, de quelques troncs de choux laissés par hasard.

À peine s’étaient-ils établis dans le village pour y passer la nuit, que trois ou quatre jeunes Savoyards se présentèrent et se laissèrent arrêter, disant qu’ils venaient à leur rencontre, de la part des Genevois, pour leur servir de guides et leur procurer de la nourriture.

Le 10 était un dimanche, — le Seigneur choisit son jour pour manifester sa protection aux gens de Wildermouth. — À l’aube naissante ils quittent Saint-Cergues et suivent les envoyés qui les conduisent près de Gingins, leur montrent une prairie où ils promettent de leur apporter des aliments et les font passer par un chemin creux, étroit, pierreux, fermé des deux côtés par une haie épaisse et servant de lit à un ruisseau. Alors ces