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met en marche le 21 janvier 1536, chasse devant elle les Savoyards comme un faucheur chasse devant lui les sauterelles d’une prairie, s’empare en peu de jours des Pays-de-Vaud et de Gex, des bailliages de Ternier et de Gaillard, du Chablais, et délivre Genève qui pourtant eut à se défendre longtemps encore contre les tenaces entreprises de ses éternels ennemis.

Chemin faisant les Bernois mirent le feu aux châteaux des gens de la Cuiller, sur la montagne et dans la plaine, et n’oublièrent pas celui du Rosay dans lequel on trouva un livre obscène traitant des raffinements de la lubricité.

C’est ainsi que la Confrérie, qui avait duré huit ou neuf ans, fut détruite. Berne garda le pays de Vaud qu’elle ne perdit qu’en 1798, époque où Dieu et une armée de la République française aidant il conquit son indépendance.

Tout ce que tu viens de lire, mon cher Émile, aurait pu être placé dans les lettres que je t’écrirai de et sur Genève.

Madame de Montolieu a fait de la Confrérie de la Cuiller le sujet d’une des nouvelles prétendues historiques qui forment les Châteaux suisses. — C’est un beau sujet. Elle n’a pas su en tirer parti.