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tout près de la ville et où a pris naissance une ligue célèbre dont je vais te conter le but, les faits et gestes et la fin[1]. Il faut pour cela que j’entre dans quelques détails sur l’état du pays dans le seizième siècle, période mémorable pleine d’agitations fébriles, de controverses ardentes, de luttes passionnées entre les anciennes croyances et les doctrines des novateurs.

Les partisans des premières s’appuyaient sur une tradition de plusieurs siècles de ténèbres, sur l’ignorance crasse, la corruption des dogmes, la superstition, l’obéissance aveugle et servile à une autorité religieuse établie en fait, mais fort contestable en droit ; les champions des secondes proclamaient la liberté d’examen, l’émancipation de l’esprit : ils combattaient les pratiques d’origine payenne, les cérémonies d’églises théâtrales, l’inutile et dangereuse pompe du culte, et voulaient ramener les âmes à la pureté et à la simplicité primitives, régénérer le monde au moyen de la parole, de la prédication , de la morale, de I’Évangile en un mot. C’était une noble tâche, une entreprise sublime inspirée par Dieu.

La Réforme avait passé de l’Allemagne dans la Suisse allemande et s’était implantée sur le sol bernois ; bientôt Farel, ce précurseur de Calvin, sorti des Alpes dauphinoises, vint à Genève pour soustraire cette commer-

  1. Quelques auteurs croient que ce fut au château de Bursinel, qui est peu éloigné de Rosay.