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les armes il faut que je les dirige contre mes proches, mes véritables compatriotes, si je ne les prends pas je trahis les intérêts de mon pays d’adoption. — Terrible alternative !

La naturalisation est excusable quand celui qui se la fait conférer ne tient par aucun lien au sol natal, n’y a plus de parents et d’amis, en est sorti dans son enfance pour voyager longtemps au loin. Ennuyé un beau jour de cette vie nomade, désireux de repos après beaucoup d’agitations, éprouvant le besoin d’une existence sédentaire, las de la solitude au milieu des hommes, — la plus triste et maussade chose du monde, — il se fixe dans un beau climat, pour s’y faire une famille, des concitoyens, une demeure, pour avoir une femme et des enfants, et il peut s’écrier : Ubi bene ibi patria.

L’honnête et officieux M. Bron m’ayant demandé la traduction de ces quatre derniers mots, fut entièrement de mon avis et me dit :

— Au moins, rien ne vous empêche d’acheter ici un domaine en restant Français, comme a fait M. le comte de R.......

— Mon intention, répondis-je en riant, est d’en acheter un sur mes économies d’homme de lettres... j’ai le temps d’y songer !

On trouve cette opinion étymologique sur le lieu où je suis dans les