Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du désir qu’il pouvait avoir d’une distraction quelconque pour lui-même, mais je ne le suis point, Dieu merci ! et j’aime mieux envisager les choses de leur bon que de leur mauvais côté, voir de la complaisance là où il n’y avait peut-être que de la personnalité.

Ce château, qui a toute l’apparence d’une caserne ou d’un hospice, se compose d’un effroyable tohu-hohu de bâtiments informes et sans aucun caractère, le tout mal entretenu, presque délabré et dominé par une tour ronde assez haute qui figure admirablement une chandelle coiffée d’un éteignoir. Le collége, le tribunal et les prisons occupent ce vaste et triste local dominant la cité, pittoresquement posée au-dessus de la gorge de l’Aubonne et pleine de sources vives et de limpides lavoirs. Ledit local a eu pourtant des maîtres célèbres à différentes époques, savoir : les puissants comtes de Gruyère pendant deux cents ans, Turquet de Mayerne, un marquis de Montpouillan, le voyageur Tavernier et le fils de Duquesne : tous portèrent le titre de baron d’Aubonne.

Les comtes souverains de la Gruyère possédaient de nombreux fiefs en Suisse, je n’ai rien à te dire sur eux qui soit relatif au sujet que je traite en ce moment. Tu sais sans doute que Turquet de Mayerne, né à Genève en 1573 d’un père français, réfugié protestant, fut médecin ordinaire de notre Henri IV d’abord, puis premier médecin de Jacques Ier et de Charles Ier, rois d’Angleterre.