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Beaucoup de choses intéressantes ont dû m’échapper, car je n’ai que deux yeux ; j’en aurais eu quatre si tu m’eusses accompagné, et de nos remarques, mises en commun, serait sans doute résulté un ouvrage d’un ordre infiniment supérieur à celui-ci.

Je traite toute sorte de sujets, car je suppose que tu aimes la variété ; cependant, comme j’ai le bonheur de ne pas être savant, ce qui veut dire constructeur de systèmes, faiseur de dissertations interminables, hors de propos, ennuyeuses et pédantes, j’ai tâché d’éviter l’archéologie, la météorologie, la géologie, la minéralogie, la statistique, la botanique, la numismatique, la politique, etc..... Je parle peu ou point d’inscriptions romaines, de fossiles, d’opinions sur l’étymologie des noms de lieux ; en revanche, je me livre à mes extases devant un site inspirateur, un fier donjon, un frais paysage, une villa enchanteresse, un point de vue ravissant ; je t’envoie des récits de bonnes gens, des fragments de chroniques et de légendes, des contes traditionnels du peuple, des épisodes de la réformation, des rêveries, des ébauches de mœurs locales, des esquisses, des portraits, des narrations historiques, le tout fondu dans un journal de voyage, reflet d’un esprit mobile qui se plaît à renouveler ses impressions.

Plus qu’un mot, ami, un mot emprunté à Victor Hugo