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des voix d’ogres pour effrayer dans leurs gentilhommières de pauvres petits hobereaux, épouvantant les loups et rôdant comme eux, — non pas autour des bergeries, mais des seigneuries, — recevant la neige sur le dos parfois, faisant la grimace quand ils trouvaient le vide dans un cabinet d’archives enlevées secrètement, mises en lieu sûr ; je les entends s’entredire d’un ton dolent et piteux :

— Avec quoi nous chaufferons-nous dont cette nuit ? Diable ! il fait bien froid !

Cela me rappelle que les Bernois mirent le feu aux châteaux de Wufflens en 1536, lorsqu’ils marchaient au secours de Genève ; mais l’incendie fit peu de progrès, et le curieux édifice échappa à la destruction.




La famille des anciens sires de Wufflens est éteinte depuis plusieurs siècles. Après la réformation et l’occupation du pays sept capitaines bernois devinrent propriétaires des deux châteaux dont ils eurent l’idée de faire une place de guerre, mais ils ne la mirent pas à exécution, je ne sais pourquoi, et cédèrent le fief à un nommé François Le Marlet, sieur de Solon, qui fut sur le point de le céder à son tour à Henri IV, alors préten-