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salles à fenêtres-croisées, près desquelles sont des bancs pratiqués dans l’épaisseur des murs, où les châtelaines et damoiselles venaient s’asseoir et parachever de leurs belles et mignonnes mains quelque ouvrage délicat qu’éclairait un jour enluminé par le reflet des vitraux précieux. Aujourd’hui plus de vitraux, plus de châtelaines, le velours ou le damas de soie du siége a disparu, il ne reste que la pierre brute. Les planchers de quelques étages sont à jour, et le regard plonge dans un abîme à travers une grille plusieurs fois répétée, formée de solives monstres sur lesquelles il serait imprudent de s’aventurer.

On ne trouve presque plus d’arbres de la taille de ceux dont sont faites ces poutres ; de même il ne se rencontre de nos jours personne qui ose habiter le grand donjon de Wufflens : il fut bâti pour et par des géants, comment pourrait-il servir de demeure à des nains ? — Tout s’est rapetissé à la fois, — car tout doit être en harmonie dans ce monde.

Croule, fier Wufflens, qui t’obstines à rester debout, tes débris serviront à construire ces cabanes à lapins où nous nous logeons. Partout sous mes pas des précipices béants, je ne vois que délabrement sinistre. La majesté extérieure de ces murailles battues par les flots de tant de siècles écoulés ne laisse pas deviner la misère, la ruine intérieure du fief. Les dehors des bâtiments,