Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée

MAHOMÊTISME, CH1ISME 01 fRÉ

1590

leurs prédécesseurs oumayyades, parurent décidés a suivre leurs errements el.1 s’occuper surtout de leur empire temporel. I ! y eut cependant une période de transition dans lequelle un nouvel élément s’efforça d’exercer une Influence prépondérante. Les Persans, qui avalent Joué un rôle capital dans le triomphe de la nouvelle dynastie, crurent le moment venu de pren ur revanche de la défaite que leur avalent Inl jadis les Arabes musulmans. Ils se berc< rent de l’espoir

que leur nation reprendrait la domination de l’Orient et rétablirait l’ancienne relimon de Zoroastre. On attribuait a ee dernier diverses prédictions astrologiques. On racontait, en effet, que m les Arabes axaient triomphe, eest que leur prophète était né a un moment horascopique particulièrement favorable pour son peuple. La conjonction des dcu planètes supérieures Saturne et Jupiter qui se maintient pendant 240 ans était passée en l’an 571 de notre ère dans la triplieité

OfOOfifUt, c’est-a-dire dans le groupe des trois signes

du Zodiaque affectés, au dire des astrologues, de ce

caractère : Scorpion. l'.erc i-.se et Poissons. Or. en 811 de notre ère. c’est a dire, rs 1 >.M de l’hégire, sous le deuxième successeur de i"a b basslde al Mahdi. la conjonction devait entrer dans la triplieité des signes piies. ce qui signifiait la restauration du culte du feu. donc de l’antique religion perse. Il semble que la célèbre famille des Harmecides (descendant d’un

in Bannak ?) qui fournit tant d’habiles vizirs à

la dynastie 'abbftsatde ait pensé a une restauration de ce genre et en ait favorise sous main les faut cuis.

mit l’explication de leur chute si brusque en donc peu d’années axant le terme prédit par les astrologues. 1., - khaliꝟ. 1 laroûn ar Kachid devait avoir de graves raisons, et les historiens n’ont pu encore les déterminer avec certitude. A sa cour. deux intluences contraires régnaient, celle de la race arabe a laquelle il appartenait et qui était représentée par sa femme Zoubeida. sa parente, et cille de la race perse à laquelle appartenaient les Barmécides. Partagé entre ces deux éléments constamment en lutte, llaroûn ar Rachtd avait hésité longtemps : il avait cru les concilier en proclamant héritiers de l’empire ses deux fils, l’un ne de Zoubeida, al Amm, l’autre al Ma’moûn né d’une esclave et tout acquis a lacause perse. Cette dernière semblait a peu près perdue après la chute des Harmecides et l’avènement d al Amm. Mais celui-ci lit la faute de provoquer son frère qui fut vainqueur. I. esprit perse reprenait son influence. On peut se demander si al Ma’moùn fut vraiment musulman. Le poète l’irdausi. le chantre national de la l’erse musulmane, dans son épopée du Chah nanieh. l’appelle avec éloge un mobnl.v est -a-dire un prêtre de /oroastre. Dans le débat qui S'était élevé entre le chrétien 'la’qoub al Kindi dont il a été question plus haut. col. 1580, et le musulman qui l’incitait a se convertir, al.Ma’moùn intervint et blâma le musulman, lui assurant qu’on était pour le moment dans la foi de /oroastre et qu’on serait prochainement dans celle de JésusChrist, l’ar ces paroles énigmatiques, il semblerait se rallier a la doctrine astrologique qui. depuis 194, mettait le monde sous l’influence de /oroastre, et annonçait probablement le retour de Jésus-Christ, donc la lin du monde. 2I<) ans après, c’est-a-dire a un nouveau ige de la conjontion. lui même temps qu’il était plus ou moins secrètement mazdéen. il se déclarait ouvertement pour les 'alides. Une partie de la l’erse, surtout celle qui avoisine la nier Caspienne, et qui conservait encore quelques restes d’indépendance lit déclarée pour eux. Le nationalisme persan Menait aux imàms 'alides parce qu’il les consi.it comme les descendants de leurs rois. Ilouseïn épousé une fille de Ya/dedjerd, le dernier roi

inide. I.e mazdéisme fraternisait avec le mahdisme.

avec qui il avait quelques points communs, l’eut 'in ai Ma’moûn obéissait Il encore a des influences mazdéennes, lorsque, par une décision inattendue, il déshé nia sa propre race et en renia toutes les traditions en proposant a l’Imvm 'alide « lu moment sa succession

a l’empire (201 817). Mais il se lit un tel mouvement a Baghdftd contre cet acte extraordinaire, qu’ai Ma’moûn dut y renoncer ; le malheureux Imam mourut

presque aussitôt, empoisonne ilil on, et la tentative île réconciliation n’eut pas de suites Au contraire, le losse s, - creusa de plus en plus entre 'alides et 'abbfis si. les ; ces derniers abandonnèrent d.- plus en plus l, s idées chutes et devinrent au contraire les champions du parti adverse : le sounnisme. Mais il ne tant pas oublier leur origine, et le caractère essentiellement messianique ou mahdiste de leur triomphe, si

bien mis en évidence par Vmi Vloten. Cet espril est

bien caractérisé dans la secte des rawendltes, parti

sans exaltes de l"abbàssisine, qui allèrent jusqu'à adorer al Mansoùr comme une divinité, même île son Vivant. Déjà, en effet, s'étaient glissées dans l’imàmisme des conceptions d’incarnations divines qui l'élolgnalent de plus en plus du véritable islam. Nous en avons vu un exemple : nous allons en retrouver d’autres, plus caractérisés, dans les doctrines isinn’iHennés, où les éléments musulmans finiront par lupins jouer qu’un rôle intime et plutôt d’apparence que de realité.

> Les Isma’iliens. Le lui, mis/ne. — Nous avons vu que le sixième iinàm 'alide était Dja’far surnommé as Sàdik. S’il s’est toujours refuse à revendiquer le pouvoir temporel, il n’en a pas moins conservé dans le domaine spirituel une Influence considérable. C’est après 'Ail, le personnage le plus vénéré des chiites. pour ses mérites exceptionnels et les grâces spéciales qu’il reçut. Il avait une connaissance profonde des choses et c’est à lui qu’on attribue le fameux livre des prédictions, appelé le dja’ft, qui, d’après d’autres, aurait été révélé à 'AH. Il en a circulé de tous temps des exemplaires plus ou moins authentiques ; il devait être à l’origine du type de ces malahim si en vogue pendant les premiers temps de l’islam. A ce livre on joignait la djâmïa ou somme, dont l’origine est inconnue et le texte perdu. Le malheureux imam choisi par al Ma’moùn comme héritier présomptif avait consulté ces livres avant d’accepter ; il n’avait pas. d’ailleurs, obéi à leurs conseils qui était de refuser et, comme ils l’avaient prévu, cette erreur lui fut fatale. De tous temps, d’ailleurs, les 'alides passaient pour avoirdes livres mystérieux, des instructions -ecrètes soit venues de Mahomet, soit même de la divinité, à laquelle leurs adhérents fanatiques avaient "de plus en plus tendance à les identifier. C’est ainsi qu’on attribuait à 'Ali un feuillet, $ahtfa, probablement du genre des feuillets, dont parle le Coran, révélés à Abraham et à d’autres prophètes. C’est sur l’imâm Dja’far et sa science mystérieuse que se concentrèrent les légendes. C’est autour de lui que se groupèrent les partisans d’une vaste organisation fondée sur la croyance en l’omniscience de l’imâm et sur un enseignement ésotérique des plus étranges, qu’on appela la science du caché : le bâlillisme.

Tel que nous le connaissons, sous une forme déjà tardive, le bàtinisme repose sur ce principe fond ; mental que toutes les religions sont de purs symboles dont la véritable signification échappe au vulgaire, et en particulier que l’Idée de la fin du monde, essence même de l’islam ne répond à rien de réel. Ce monde est éternel, donc il ne huit pas : mais il subit certaines révolutions qui marquent la fin de cycles cosmiques, auxquels

d’autres succèdent, et ainsi à l’infini. Il doit donc > avoir pour la masse un enseignement religieux, symbolique ou exotérique et, pour quelques initiés, une