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MAHOMÊTISME. HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT

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Divers Indices semblent confirmer ce p » int de vus al donner a l'œuvre de ce dernier personnage une Importance capitale. Je ne puis les énumérer Ici ; Je me contenterai *t<.- remarquer que le nom de kouflque ., été donm a l'écriture des anciens Corans, ce qui semble bien indiquer la vlUe de Koûfa comme leur ne. Ajoutons que la lettre de Ya’qoub al Klnd ! hit connue des chrétiens d’Espagne et traduite en latin, qu’un résumé en a été donné par Vincent de Beauvais, dans son Spéculum historiale, . X.XIV. Par t-ll'. les auteurs du Moyen Vge lurent mieux instruits sur quelques p 'int> de l’Islamisme que nos orienta listes modernes

Quoi qu’il en soit de la façon dont fut établi le texte canonique, il est certain qu’il n’a prissa forme définitive, que vers 80 de l’hégire, à Koûfa, el que les remaniements qu’il a subis ont dû être très profonds Il ne reflète donc que très i m parfaitement la pensée du prophète arabe. Mais les musulmans l’acceptent comme parfaitement authentique dans toutes ses parties el co nme « .'tant la parole de Dieu, kalâm Allah, transmise i omet par l’ange Gabriel. C’est là qu’ils trouvent les principales règles de leur vie publique et privée, ime bien des points restent obscurs, comme bien des questions n’y sont qu’imparfaitement traitées ou même sont passées sous silence, ils onl recours a une autre source écrite, d’une valeur moindre, il est vrai, car elle est d’origine humaine et non divine, ce qu’ils appellent le hadtth.

Le hadtth. — La constitution de cette seconde source est a-.seI. obscure. Si on peut admettre qu’il y eut d’assez bonne heure, des versions écrites, au moins partielles, du Coran, il semble bien qu’il y a eu chez les premiers musulmans la plus grande réputée a constituer un second livre. On rapporte que, peu de temps avant sa mort, Mahomet voulait rédiger u i écrit qui mettrait les musulmans à l’abri de l’erreur. 'Oumar protesta en s'écriant : i La douleur notre prophète : nous avons le livre de Dieu de Coran), il nous sullit. < Les assistants se divisèrent en deux partis : les uns étaient de l’avis de 'Oumar mires au contraire, voulaient obéir à Mahomet. Celui-ci. ne voulant pas de dispute en sa présence renvoya tout le monde et le livre ne fut pas écrit. C’est la condamnation formelle du hadtth, non seulement écrit, mais même oral. Ce mot. en effet, désigne l’ensemble des propos attribués au prophète, et dont il a bien fallu s’autoriser pour combler les lacunes du « livre de Dieu », au fur et a mesure que ces lacunes devenaient de plus en plus sensibles. Ceux qu’on Interrogeait sur telle ou telle pratique recouraient d’abord au Coran pour répondre ou, tout naturellement, à ce qu’ils savaient ou ce qu’ils avaient entendu dire de la façon dont le prophète l’avait exercée : c'était ce qu’on appelait la sounna, la voie, c’est-à-dire la coutume suivie par Mahomet. On y ajoutait plus tard la sounna des compagnons de Mahomet, mais beaucoup lui contestaient toute autorité. De toute façon. pendant longtemps, ces enseignements n’eurent, semble-t-il. aucun caractère officiel et, comme l’avait prévu Aboù liakr, l’accord ne devait pas régner sur tous les points.

dément sur l’ordre du khalife 'Oumar II (Hég 18-101) qu’on se décida a recueillir, par écrit, tout ce qui se racontait entre 'oulamfl et qui servait de base aux consultations juridiques, ce qu’on appelle les fatwa. Le premier auteur de cette compilation fut Mouhammed ibn Chihâb, connu aussi sous le nom « taI. ZouhrL mort en 121 de l’hégire. Il semble que cette première compilation n’ait d’abord contenu que deux à trois cents traditions : mais le nombre ne devait pas tarder à s’en multiplier prodigieusement. Après lui. d’autres distribuèrent le hadtth en chapitres,

et c’est, sous cette foi nie..pie sont rédigés, pour la plupart, les recueils connus.

Voici les principales matières qui ysonl traitées, dans l’ordre généralement suivi : La religion ; la pureté ; la prière ; les funérailles ; la dtme ; le jeun.' : le pèlerinage ; le man. me : udivorce ; les ventes et différents contrats (louage, associations, dons, etc.) ; les testaments, tutelles et successions : lescrinics et délits, la guerre s. mite ; la nourriture ; les boissons : les vêtements ; les bonnes munis ; la science ; les mérites du Coran ; les mentes.lu Prophète et de ses disciples ; les signes.le la fin du monde : le paradis : l’enfer. Sur toutes ces questions, ont ete soigneusement recueillis

les propos de Mahomet, ses propres pratiques attestées par ses compagnons, le tout généralement présente sous la forme d’une suite de témoignages non interrompue. C’est Cette suite de témoignages (pu confère à la tradition son autorité : <"i l’appelle soutien, isndd.

Malgré tout, la réunion de tant de documents disparates ne suffisait pas a trancher toute question. On avait alors un troisième procède : l' idjtihdd.

A L’idjtthâd. - C’est le droit de suppléer par les lumières de la raison aux lacunes du Coran et du hadtth. Cette institution est fondée sur un hadtth célèbre. Mou'àdh ibn Djabal, un des compagnons de .Mahomet, v raconte que celui-ci le chargea d’une mission dans le Yénicn. i Comment agiras lu quand il se présentera une difficulté? lui dit le prophète. Je me prononcerai d’après ce qui est dans le livre de Dieu. Mais si la solution n’y est pas ? - Alors, par la sounna du prophète de Dieu. Mais si elle n’y est pas davantage ? -Alors, j’appliquerai mon jugement, ad/f ahidou râyga, et ne me déroberai pas. A ces paroles, ajoute le narrateur, le Prophète me frappa la poitrine en disant : « Louange a Dieu qui a donné à son envoyé un envoyé qui répond si bien a son désir. » Il paraît bien difficile d’admettre que Mahomet ait lui-même parlé de sa sounna : il est plus probable que si le hadtth n’est pas entièrement controuvé, les seules parties authentiques sont dans la première et la troisième solutions et que la seconde y a été insérée plus tard, quand la sounna de Mahomet a été officiellement constituée..Mais la théorie est exposée ici avec la plus grande netteté.

Il est clair que Vidjtihâd ne pouvant s’exercer qu’en l’absence de texte soit du Coran, soit du hadtth, nul ne peut v prétendre s’il ne possède à fond la connaissance de l’un et de l’autre. Mais sous quelle forme et dans quelles limites peut-il être exercé'.' Des règles sévères ont été posées plus tard comme pour la critique du hadtth ; mais, au début, on peut penser que Vidjtihâd fut exercé avec la plus grande liberté.


II. Histoire générale du développement théologiQUE.

Tels sont les éléments primitifs de la science religieuse des musulmans, du fiqh ; pratiques d’une façon plus ou moins régulière dans les premiers temps, ils n’ont été systématisés et consolidés que vers la fin du rr » siècle de l’hégire.

Cependant de graves dissensions déchiraient l’islam. Des écoles, à la fois politiques et religieuses, se dispuI aient le pouvoir. On en a compté un très grand nombre : quatre seulement ont survécu, en conservant des caractères distinctifs bien accusés ; deux surtout rognent actuellement et englobent aujourd’hui la presque totalité du monde musulman ; le Chiisme et le Sounnisme. Nous les étudierons d’abord — en nous réservant d'être plus bref sur les autres sectes.

I. I.r. CBII8MB. C’est le nom le plus générale ment répandu ; nous en avons dit la signification primitive : en réalité, c’est l’Imâmisme ou Mahdlsme.

L’idée essentielle est l’existence d’un inuim prenant la place du prophète mort ; jusqu’au moment de la