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l A IIO.METISMK. SOURCES DE LA DOCTRINE


n’occupent que les postes militaires pour le service du djiliàd ou guerre religieuse. (Du nom de ces postes, les

ribùt, est dérivé le nom demordbit dont nous : ivons fait marabout.) La monnaie esi grecque, latine ou perse ; la comptabilité est entre les mains des Grecs, Coptes ou Perses. Bientôt tout change, tout s’organise. L’orthographe, sinon le texte du Coran, est fixée ; la monnaie devient arabe et musulmane : le hadtth ou tradition est recueilli par écrit, etc. Tout cela paraît s'être produit entre xii et 100 de l’hégire. L’islam s’organise. Ce n’est pas qu’on ait renoncé tout à fait aux idées apocalyptiques, car a ce moment mène circule une singulière prédiction. C’est qne. dit-on, dans le texte même du Coran, le terme de cent ans est i formellement indiqué pour le moment si attendu de la fin des temps, de la grande résolution : la (Initial. Nous en parlerons plus loin, car clic appartient à l’histoire du Mahdîsme.

2° Les sources de lu doctrine islamique. - Lu tous cas, à cette époque, le 'ilm ou fiqhest constitué. En quoi consiste-t-il ? — La science de l’islarifse propose de déterminer les lois religieuses, le licite et l’illicite, toute la législation sociale intimement reliée à la nouvelle religion. Les hases fondamentales en sont : 1. le Coran ; 2. le hadtth ; 3. l’idjtihâd.

1. Le Coran.

- Nous en connaissons déjà la doctrine ; il convient de dire ici comment le texte s’en est établi, car il semble bien que la forme définitive, telle qu’elle est reconnue aujourd’hui, au moins par les sommités, est assez tardive.

a) Voici d’abord ce qu’en disent les musulmans. Mahomet ne sachant pas écrire, dictait ses révélations au fur et à mesure à des secrétaires qui les transcrivirent sur les objets les plus disparates, feuilles de palmier, fragments de cuir ou de pierre, os de chameaux. Après sa mort, on ne songea pas à les réunir ; on s’en rapportait à la mémoire de quelques-uns, qu’on appelait les porteurs de Coran. Mais, dans les guerres qui suivirent, beaucoup d’entre eux ayant péri, 'Oiimar suggéra au premier successeur de Mahomet, Aboù Bakr d’en faire une recension écrite, et celui-ci en chargea Zeïd ibn Thàbit qui avait été, jeune encore, un des secrétaires de la révélation. Ce qu’il fit. A vrai dire, d’autres récits affirment que quatre des disciples de Mahomet avaient déjà fait cette compilation du temps inêmî de celui-ci — ce qui infirme beaucoup l’autorité de Zeïd ibn Thàbit seule source du premier récit ; d’autres indices y sont défavorables. Mais ce fut le plus généralement adopté. Le manuscrit de Zeïd resta entre les mains d’Aboû Bakr, puis, après sa mort, passa à son successeur 'Oumar, et enfin à Hafsa, fille de ce dernier. Sous 'Outhmân le successeur de 'Oumar, il y eut de nombreuses versions rédigées par d’autres musulmans et on craignit qu’il ne se produisit dans l’islam des divergences semblables à celles qu’on reprochait tant au christianisme et au judaïsme. 'Outhmân intervint et décida de confier à une commission de quatre personnages le soin d'établir un nouveau texte fondé sur la version d’Aboû Bakr, qu’il fit prendre chez Hafsa. Zeïd ibn Thàbit faisait partie de la commission ; le texte une fois établi, on rendit le manuscrit à Hafsa. Sur l’exemplaire type, des copies furent exécutées et ordre fut donné de détruire tout Coran, feuillet ou volume, en dehors de ses copies. On ne nous dit pas si cette destruction atteignit les fragments divers où les premiers secrétaires de Mahomet avaient.de sa bouche, recueilli les révélations, ni ce que devint le manuscrit de Hafsa. Tout fut-il impitoyablement brûlé? Il semble que non, les anciens commentateurs faisant allusion à des variantes de texte dues au manuscrit de Hafsa, ou à celui d’Ibn Mas’oûd, un des plus savants disciples de Mahomet, qui, dit-on, refusa de souscrire à

la recension de 'Outhmân. Il y avait aussi des divergences sur la lecture, les voyelles, qui jouent un rôle important dans la syntaxe arabe, n'étant pas représentées dans l’alphabet sémitique. Un certain Aboû-1 Aswad ad Dou’all (mort en <i ! t llég. ou, dit-on, vers 100) inventa les signes-voyelles adoptés depuis, avec quelques variantes, dans l'écriture arabe ; on ne nous dit pas comment ils furent appliqués au Coran. Mais les consonnes elles-mêmes pouvaient se confondre entre elles : il fallut inventer les points dits diacritiques pour fixer la prononciation dans beaucoup de cas douteux. Ce fut environ 40 ans après la recension de 'Outhmân qu’on procéda officiellement a ce nouveau travail. Ce lut sous le khalife 'Abd al Malik (Hég. 65-86) que le gouverneur de la ville de Koùla, le fameux I Iadjdjàdj y fil procéder. Le texte, ainsi composé est resté ne varietur. Les exemplaires les plus anciens que l’on connaisse ne remontent pu au delà de cette époque ; il n’est même pas certain qu’il en ait survécu d’antérieurs au iie siècle de l’hégire.

b) Telles sont les données traditionnelles acceptées par tous les musulmans sommités et que les orientalistes, comme Sale, Nôldeke, etc., ont reprises à leur compte. Nous avons déjà indiqué quelques points suspects ; il faut ajouter que certains musulmans ont jadis contesté l’authenticité du texte transmis aujourd’hui. Les uns ont déclaré que tel récit était indigne d’un livre sacré et devait en être retranché, d’autres qu’on avait interpolé des allusions favorables à Aboù Bakr, qu’en revanche, on avait supprimé tout un chapitre nettement favorable à 'Ali. On a rapporté aussi que tel des secrétaires de Mahomet avait trahi la pensée de son maître, et même que Satan avait introduit dans la révélation des versets scandaleux en l’honneur de divinités païennes de la Mecque, versets d’ailleurs enlevés (par qui ?) de la recension actuellement suivie. Mais, ce qui est plus grave, c’est que nous avons sur la façon dont s’est constitué le Coran, un véritable réquisitoire prononcé, il est vrai, par un Arabe chrétien, mais qui affirme ne parler que conformément aux dires des musulmans de son temps. Il s’agit de Ya’qoub al Kindî, qui écrivit, vers 204 de l’hégire, une réfutation en règle de la religion musulmane, à laquelle un mahométan de sesamisvoulaitleconvertir. Voicison récit :

Les musulmans, d’après lui, rapportent que le premier exemplaire était celui qui était chez les Koreïchites (tribu de Mahomet) et que 'Ali en ordonna la saisie pour le soustraire à toute addition et suppression. C'était la copie, conforme à l'Évangile, que Mahomet avait reçue de Nestorius (appelé aussi Sergius) appelé par les musulmans tantôt Gabriel et tantôt Esprit-Saint.fL’auteur avait dit plus haut que, après Sergius, deux docteurs juifs 'Abd Allah et Ka’b avaient exercé leur influence sur Mahomet, et qu’après sa mort, ils s'étaient entendus avec 'Ali pour falsifier le Coran. C’est une opinion qui lui est personnelle ; mais revenons à ce qu’il rapporte d’après les musulmans eux-mêmes). Il y eut, tout d’abord, des divergences de lectures : il y avait la version de 'Ali, d’Ibn Mas’oûd, d’Oubay et celle des Koreïchites (qui semble être celle de Zeïd ibn Thàbit). 'Outhmân intervint, mais ne put arriver à supprimer les versions de 'Alî et d’Ibn Mas’oûd. Puis, vint al Hadjdjâdj qui fit une nouvelle recension avec larges suppressions, en particulier celle des noms de contemporains de Mahomet qui étaient présentés dans le Coran sous de fâcheuses couleurs. Tous les exemplaires non conformes furent plongés dans l’huile bouillante. Ainsi la version courante serait, non pas celle du khalife 'Outhmân, mais celle, bien plus tardive, d’al Hadjdjâdj.