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>sièretés. Ainsi il f.mt avouer que chei plusieurs la croyance.1 peu d’influence sur le coite et sur la morale, mais il serait faux de ilmqu’elle n’en a aucune. Par exemple, les Hottentots prient le père des pères ». Christus, p. 7r>. tin. La fol en an Être suprême, en un père de tous », AU Fathtr, suivant l’expression trouvée parHowitt, Natioetribetof S. ! '. Australie. Londres, 1904 et devenue classique grftce a .. art. Making et art. ihnl de l’Encyd. <>/ Religion expression qui traduit le nom donné souvent a l'Être suprême par les Australiens les plus primitifs : ils l’appellent Fathtr ours.. Père notre - eetle foi impagne d’un culte rudlmentalre, danses et Invocation par les médecins ou guérisseurs. Christus, p. 86, lin. Dans OS sens. <.m peut dire, sur l’autorité de Howitt et de Lang après lui. que les Primitifs d’Australie ont < une religion non empruntée maisspon tanee — et fort mal accueillie par les anthropologues en g én é ra l. A Lang, art. God, p. MS b. Lang n’ose rendre nettement parti sur eette question : Les Australiens ont-ils une religion, un culte, oui ou non ? mais sa façon de parler montre qu’il voit ici surtout une question de mots.

D’ailleurs Lang ne semble pas relever toutes les traces de culte, ni rattacher au culte des manifestations qu’il constate et qui sont vraiment sinon une pratique cultuelle, du moins une pratique religieuse : « C’est un fait positif, reconnaît Lang, que, parmi certains peuples sauvages des plus bas, il existe non un monothéisme doctrinal et abstrait, mais la croyance en un litre moral, puissant, bienveillant, créateur, croyance qui se trouve en juxtaposition avec celle à des esprits, totems, fétiches et autres qui ne reçoivent pas de culte. L'Être puissant et créateur de la croyance sauvage sanctionne la vérité, le désintéressement, la loyauté, la chasteté et d’autres vertus. » Making, c. xv, p. 254 : cf. Schmidt, dans Anthropos, t. iii, p. 601, 602 ; Bouvier, dans Rech. de science relig., t. ii, p. 102.

Sans doute, nos adversaires, contraints d’admettre la croyance à des êtres suprêmes, ou même à un seul, beaucoup plus fréquemment qu’ils ne désireraient, recourent encore à des hypothèss pour écarter une croyance primitive et spontanée : évolution, influence des missionnaires. Mais d’abord l’explication par l'évolution est tout à fait gratuite puisque nulle part, nous l’avons dit, on n’assiste à l’ascension spontanée des formes inférieures de la croyance à des formes supérieures. Bien plus, les faits nous fournissent contre de pareilles hypothèses des indices extrêmement forts, parfois même ils leur donnent un strict démenti.

L’effacement, la pâleur de l'Être suprême dans l’esprit de beaucoup de Primitifs, la pauvreté de son culte,

iquent assez naturellement par l’hypothèse

d’une dégénérescence dans les croyances : les notions plus grossières ont recouvert et terni les notions plus pures. Lang soutient au moins comme plus vraisemblable ce qu’il appelle « la vieille théorie de la dégénérescence ». Making, c. xv, p. 254, et il est tout disposé à expliquer la décadence par l’attraction que l’animisme, une fois développé, exerce sur i l’homme naturel et mauvais, le vieil Adam, p. 257, cf. p. xv, xvi et la remarque citée plus haut, de Mgr Le Roy sur les Bantous, col. loi L

Dans plusieurs cas, les premiers missionnaires, les premiers blancs, ont trouvé très nette chez de pauvres sauvages, la notion de l'Être suprême, Père, Ancien des cieux. Organisateur (Créateur) de l’univers. A. Lang, Making, p. Hi". lit cette idée, les anciens disaient la tenir de leurs ancêtres. D’ailleurs, si la croyance des Primitifs venait des missionnairse, comment se fait-il que l'Être suprême ne soit pas davantage centre de culte.de prière, de vie morale, conformément aux leçons des missionnaires'.' Comment expli quer l'ésotérisme qui n’admet pas a la connaissance du grand Être les femmes, les enfants, les non initiés ? Lang, Ortgins, p. 120, 121.

Bien plus, certains historiens se croient autorises à dire que eheI. les rais Primitifs, Pygmées. Austr.,

liens du sud est, Fuéglens et Californiens du centre, l'Être suprême a une physionomie beaucoup plus dis

tlncte que Chez les autres Primitifs, qu’il reçoit tout

le culte strictement religieux, l’animisme, le mà nisme a plus forte raison, le maglsme - n’ayant pas de caractère religieux. D’A.Gahs, Anthropos, t. xviwii, p. 548. A Lang. lui aussi, constate chez certains « peuples sauvages des plus bas cette absence de culte envers les esprits, totems, fétiches et autres ». Making, p. 25 1 : cf. ci-dessus, col. 15 15. Il faut cependant reconnaître que chez d’autres Primitifs on trouve le phénomène inverse : tout le culte est réservé aux esprits des ancêtres ou de la nature, que des rites appropriés peuvent rendre propices, alors que l'Être suprême n’a pas besoin de culte et qu’il est inaccessible. Tels, les Akamba, peuple Bantou de l’Afrique N.-E. Anthropos, t. xviii-xix, p. 1095, ou les Bakongo, au sud du fleuve Congo. Rei>. d’hist. des rclig., t. i.xxxvi, p. 222.

Dans l’impossibilité de descendre à des monographies même sommaires des peuples les plus primitifs, de ceux surtout qui ont été présentés comme privés de toute croyance supérieure et de toute religion, il faut nous contenter d’en appeler à des écrivains de grande autorité, pour affirmer la notion assez nette, parfois très pure, d’un Être suprême dans la grande race nègre. Lang, Making, c. an, p. 218 ; chez les Zoulous, Anthropos, t. xviii-xix, p. 656 ; chez les Pygmécs, au nombre desquels il faut compter les indigènes des îles Andaman, les Négritos des Philippines, les Pygmées de l’Afrique centrale, les Bochimans. V. Schmidt, Die Stellung der Pygmûenoôlkcr in der Entwicklungsgeschichte des Menschen, Stuttgart, 1910, cf. Rev. des sciences phil. et théol., 1910, p. 547, fin ; chez les Maïdu de la Californie centrale. Semaine d’Ethnologie religieuse, 1922, p. 32, al. 2.

Deux cas ont été discutés avec une particulière âpreté, celui des Aruntas et celui des Tasmaniens. Les Aruntas habitent actuellement l’Australie centrale, et jusqu'à ces dernières années, ils étaient regardés comme autochthones, comme primitifs, parmi les Primitifs. Or, les Aruntas n’ont pas trace de religion, ni de croyance à un ethical AU Falher (un Père de tous, protecteur de la loi morale). Ainsi parlaient B. Spencer et F. J. Gillen dans Native tribes of Central Australia, 1899 et Northern tribes of Central Atistralia, 1901 ; ainsi, Frazer dans Magic art, t. i, p. xxiii. Mais il semble maintenant établi et reconnu que les Aruntas sont originaires du Sud-Est, et sont la plus jeune parmi les six tribus d’un même groupe. Anthropos, t. viii, p. 1145 ; t. xvi-xvii, p. 1037.

Et quant a leur prétendu athéisme, à leur prétendue irréligion, il est au moins extrêmement probable qu’ils reconnaissent un Être suprême, très effacé d’ailleurs et sans caractère moral bien net. Tout se passe comme si cet être avait été peu à peu relégué à l’arrièreplan jusqu'à tomber dans l’insignifiance ; et Lang admet contre B. Spencer, Frazer, van Gennep, que nous sommes ici en face d’une divinité non en croissance, mais en décadence, A. Lang, Making, p. x ; The Alcheringa and the Alt Father, dans Reoue des études ethnographiques et sociologiques, juillct-aout 1909. Confirmation remarquable : les tribus du Sud-Est de l’Australie, appartenant au même groupe ethnique que les Aruntas, mais plus primitives qu’eux, ont la croyance a un Être suprême, doué d’attributs moraux. Schmidt, cf. Revue des Sciences phil. et théol., 1910, p. 551. Lang parle de leurs conceptions reli-