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MA It IF, PRATIQUES DE DÉVOTION


une double direction, par son exemple et par ses instantes recommandations. Elle nous montre ainsi ce que notre dévotion doil être, dans son but et dans tes actes qu’elle doit accomplir, et quelles qualités elle doit posséder. Sur chacun de ces points, à cause de la très grande richesse « les textes liturgiques, nous nous bornerons à quelques citations, en guise (l’exemptes. Même ainsi restreinte, notre analyse nous fournira, pour apprécier les diverses pratiques de dévotion envers -Marie, une direction très sûre.

1. Le but que nous devons nous proposer, dans la dévotion mariale, nous est souvent suggéré par la liturgie de l'Église, surtout dans les prières qu’elle nous fait adresser à la Mère de Dieu.

Nous en avons une formule générale dans cette fréquente invocation : « Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ. » dette pensée est reproduite dans la prière que nous adressons chaque malin à Marie, à l’office de prime : nous la prions, elle et tous les saints d’intercéder pour nous, auprès du Seigneur, afin que nous méritions d'être aidés et sauvés par lui, qui règne dans tous les siècles des siècles. C’est aussi ce qu’exprime la récitation de la salutation angélique, au commencement de chaque heure liturgique ? Par le contraste si expressif qu’elle établit entre l'éminente sainteté de Marie et notre souveraine indigence, nous sommes avertis de ce que nous devons solliciter d’elle ?

Les demandes se précisent dans beaucoup d’autres prières offertes à Marie, dans la liturgie journalière, ou dans les offices, communs ou particuliers, célébrés en son honneur. Dans les antiennes qui terminent chaque jour l’office de laudes et celui de complies, nous la prions, selon les mystères que nous honorons en elle, aux diverses époques liturgiques, pour obtenir, par elle, les grâces nécessaires à noire indigence. A l'époque de l’Avent, nous supplions la Mère du Rédempteur d’obtenir que la grâce divine soit répandue dans nos âmes. Dans le temps de Noël, nous prions la Mère de Dieu, toujours vierge, par laquelle nous avons reçu Notre-Seigneur, l’auteur de notre vie, de daigner intercéder pour nous, afin que cette vie règne en nous. Après la Purification, nous prions la reine des cieux, la porte vénérable par laquelle la lumière est entrée en ce monde, afin que, par son intercession, nous ressuscitions de nos iniquités. Pendant le Temps pascal, après nous être réjouis des joies ineffables que la résurrection de Notre-Seigneur a procurées à Marie, nous demandons, par son intercession, la possession des joies du ciel. Après la Pentecôte, nous supplions Marie, mère de miséricorde, notre vie, notre joie, notre espérance, notre avocate, afin que, par son intercession, nous soyons délivrés des maux présents et de la mort perpétuelle.

Dans le suffrage commun, fréquemment adressé à Marie et à tous les saints, à l’office de laudes et à vêpres, nous la prions, elle et tous les saints, de nous défendre de tous les dangers de l'âme et du corps. Nous la prions, elle et tous les saints, de nous oLtenir le salut et la paix de sorte que, par la destruction de toutes les oppositions et de toutes les erreurs, l'Église soit toute au service de Dieu, avec une liberté bien assurée.

Dans l’office de la très sainte Vierge in sabbalo, l’oraison nous fait demander, par Marie, la santé perpétuelle de l'âme et du corps, la délivrance des tristesses présentes et la jouissance des joies éternelles. Dans le petit office de la très sainte Vierge, nous adressons à Marie les mêmes supplications. Nous demandons au Seigneur de nous conduire au royaume du ciel par les prières et les mérites de Marie. Nous supplions Marie, mère de grâce, notre très douce mère de

clémence, de nous protéger contre notre ennemi et de nous recevoir a l’heure de la mort. Dans l’office liturgique, au commun dis fêtes de la très sainte Vierge, nos demandes, formulées surtout dans Y Ave maris Stella et dans l’antienne de Magnificat, aux premières vêpres, comprennent toutes nos nécessités spirituelles, pour toutes les classes de fidèles.

Dans le cycle annuel des fêtes mariales, suivant les mystères que nous vénérons en elle, nous la prions de nous obtenir les faveurs spirituelles que ces mystères nous rappellent. A l'éminente gardienne des vierges, nous demandons a l’hymne de matines, dans la fêle de l’Immaculée Conception, de nous diriger, de nous préserver des défaillances et de nous tenir, en sécurité, dans le droit chemin.

Dans la fête de la Purification, nous demandons, par son intercession, que, comme Notre-Seigneur a été présenté au temple dans la réalité de notre chair, nous soyons présentés à Dieu avec une âme purifiée. Dans la fête de la Compassion, nous supplions Marie de graver fortement, dans notre coeur, les plaies de son Fils crucifié, afin que nous partagions ses douleurs et celles de son divin Fils, que par elle, nous soyons délivrés au jour du jugement et que nous parvenions à la récompense éternelle. A la fête de Marie médiatrice de toutes les grâces, nous prions Notre-Seigneur qui a daigné instituer.Marie sa mère, et en même temps notre mère et notre médiatrice auprès de lui, afin que tous ceux qui se présentent à Notre-Seigneur pour lui demander des bienfaits, aient la joie d’obtenir, par elle, ce qu’ils demandent. Dans la fête du saint Cœur de.Marie, nous supplions Dieu qui dans le Cœur de la bienheureuse Vierge a préparé au Saint-Esprit un très digne tabernacle, de nous accorder la grâce de vivre selon son cœur. A la Visitation et à la Nativité, nous demandons que Marie nous apporte un accroissement de paix, de la paix véritable, la paix céleste. A la fête du saint Nom de Marie, nous demandons que les fidèles qui se réjouissent de la protection de Marie soient, par sa douce intercession, délivrés, sur la terre, de tous les maux et conduits à la possession des joies éternelles.

Rappelons aussi l’enseignement fréquent que l'Église nous donne, dans la liturgie de l’office ou dans celle de la messe, en appliquant à Marie les textes des Proverbes, viii, 12-36, et de l’Ecclésiastique, xxiv, 12-31, où sont décrits, selon l’interprétation accommodatice donnée par l'Église, comme nous l’avons noté plus haut, les éminents bienfaits spirituels que nous procure la dévotion à.Marie.

Ainsi le but que l'Église nous propose, en nous faisant pratiquer et en nous recommandant la dévotion à Marie, nous apparaît avec évidence. C’est l’avènement, dans nos âmes, de la vie que NotreSeigneur est venu apporter sur la terre, et qu’il nous communique par Marie. Les bienfaits temporels, selon la loi générale exprimée par le Catéchisme du Concile de Trente, part. IV, c. xiii, 3, et par saint Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. lxxxiii, a. 6, ne sont pas exclus. On peut les demander, à titre secondaire et dans la mesure utile pour le salut, en s’en remettant pleinement à la volonté divine. Mais, dans la pensée de l'Église, la recommandation de Notre-Seigneur reste vraie. « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice : le reste vous sera donné par surcroît, i Matth., vi, 33.

2. Pour atteindre le but que nous devons nous proposer dans la dévotion mariale, trois actes, constituant la pratique de cette dévotion nous sont proposés par l'Église : considérer Marie, aimer Marie, prier Marie. « ) Considérer Marie dans sa sublime dignité, dans son rôle providentiel de médiatrice de toutes les grâces.