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MAGIE, DÉFINITION

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provoquer, car elle opère généralement a coup sûr : la pratique magique capte et contraint la force surhumaine. Hastin P- 278 ; Rech. de science « 1.,

' En 'réalité le processus total est variable et plus oins complexe. La pratique magique déclenche par, , propre puissance puissance attachée a tel objet i tel rite, a telle personne une puissance plus orande quelle ; et cela par action directe ou censée sur la nature ou Lien Indirectement en vertu utl -. explicite ou implicite, avec une force sup„e. personnelle, susceptible de concou de séducUon (et. Lagrange, ir les

. p. 14, 224 ; V…. Haddon, I Fetichism, p. 61), force plus ou moins pré. 18 cire cependant une divinité danle plein s « us du mot. Le phénomène produit est un phéscnsible, extraordinaire, merveilleux. r Ie Rov, Religion des primil I exprime

itiol dans cette définition : Nous enteue. l’art de réduire à son service, par cers pratiques occultes et d’aspect plus ou moins eux. les forces de la Nature ou de capter les Influences du monde invisible. Cf. p. 52,

Par ces caractères, l'œuvre magique se distingue du "nient et du miracle, avec lesquels beaucoup rivains rationalistes la confondent. Le sacrement lui aussi opère ù coup sûr et par sa propre vertu, ex opère par le fait que le rite sensible est exé cuté Mais si le rite est sensible, l’effet surnaturel ne lest pasde plus et surtout, l’efficacité réelle du rite lui vient de la volonté divine et de la dignité qu il reçoit du Christ ; d’ailleurs l’effet du rite sacramentel, contrairement a l’effet du rite magique en -encrai. n’est pas indépendant de la préparation morale du sujet, ni de ses dispositions intérieures. Donc si un rite sacre est révèle OU considéré comme révélé, si son icité lui vient de la volonté divine, il faut le rattacher non à la magie, mais a la religion. Rech.de science réf.. t. m. p. 423 ; Anlhropos, t. vin. p. 883 ; contre Frazer, Hubert et Mauss, Durkheim, Goblet dMviella. Marett, S. Reinach. Dans certains cas, on peut hésiter devant un rite qui prétend a contraindre la divinité même. Plusieurs auteurs admettent, avec exemples à l’appui qu’en bien des cas cette efficacité du rite a dépendu originairement dune promesse de la divinité. Cf. Rech. de science rel., t. ni. p. 112 ; Maspéro. Études de mythologie et d’archéologie égyptiennes, t 1 p. 106 ; I.agrange, op ci(..]>. 16 ; Anthropos., I iv, p 523. L’homme qui recourt à de pareils rites doit considéré comme faisant acte de religion plutôt qu’acte de magie.

Sur cette distinction entre magie et sacrement, il est r piquant de faire donner une leçon a S. Reinach, lequel tire toute religion de l’animisme et des tabous, du totémisme et de la magie (Orphcus. p. 10, 20), par , isy..1 propos d’histoire des religions, p. SI. t Le baptismal ou eucharistique, dit M. Loisy, ne doit onfondu avec l’opération magique, car 1 effiité du rite sacramentel n’est pas censée indépendante de la volonté divine, elle ne l’est pas non plus siUons intérieures de ceux qui interviennent aur te qu’on ne peut plus parler que de magie

transformée, de magie qui n’est plus magie, l’essence du rite magique étant d’agir par sa propre vertu. A part l’expression « magie transformée > qui est inacceptable, mais qui aflecte l’origine du rite sacramentel et non l’idée que s’en font les chrétiens, la leçon maintient une distinction trop souvent oubliée.

miracle, comme l’opération magique, est un

phénomène sensible extraordinaire, sans antécédents

mes : mais, a la différence de l’opération

il n’arrive pas a point nommé, car il est

accorde librement par la bienveillance divine, s’il

est des cas ou l’homme a d’avance la certitude d'être

exauce, cela est une nouvelle laveur que nous appelons la foi du miracle, souvent l’homme doil se p.u-cr au miracle par la confiance, la prière, la vertu :

tout cela encore conditions, ni strictement nécessaires

ni certainement suffisantes. Le rite magique, au contraire, opère Infailliblement, ou à peu près, et en g<

rai. quelles.pie soient les dispositions morales du magicien, Recherches, t. m. p. 123 ; Anlhropos, t. viii,

p, 884 ; « en gênerai », disons nous, car on trouve, de Ci de li. exigée du magicien, une purification morale. Voir plus loin. col. 1532. De plus, le prestige magique et le véritable miracle se distinguent souvent par

leur Signification, leur portée, leur boule morale : le prestige magique est d’ordinaire inutile à une lin supérieure, malfaisant même et malsain. R ibid. ; Anthropos, ibid.

D’un mot, le sacrement est un acte religieux : le miracle est obtenu ordinairement par un acte religieux : la magie n’est pas vraiment religieuse. D’une façon générale, les hommes, même les non-chrétiens, et, parmi eux. même les sauvages, savent distinguer

cuire religion et magie, prêtre et sorcier. L'école SOCiO logique avec Durkheim n’exprime qu’une partie de la vérité, qu’une différence secondaire et même accidentelle, en opposant le caractère individuel, secret, illicite de la magie, au caractère social, officiel de la religion. Cf. Hastings, art. Magic, t. viii, p. 269 6, 207 ; Anthropos, t. viii, p. 884. La magie, en effet, peut passer a l'état d’institution et la religion est souvent acte privé.

La distinction, la différence fondamentale, au témoignage de beaucoup d’auteurs qui s’occupent d’histoire des religions, de ceux même qui n’ont aucun souci de la religion révélée, semble revenir à ceci : la religion considère le monde comme une série d'événements diriges par un ou plusieurs êtres souverains, qui agissent pour des motifs et des fins ; et elle soumet l’homme à ces êtres, elle tache de lui concilier leur bienveillance et leur secours. La magie, elle, voit dans le monde une série d'événements qui se déroulent invariablement, fatalement, de telle sorte cependant que des êtres supérieurs à l’homme puissent intervenir et diriger les forces naturelles, et que l’homme, le magicien, puisse, en faisant pression sur ces forces ou sur°ces êtres, introduire son activité dans la série. Hastings, art. Magic, p. 245.

Par ailleurs, il ne faudrait pas confondre la magie avec toute science, tout art, dés qu’il a quelque prétention au secret, au mystère, dès qu’il présente quelque caractère étrange. Il s’agit de distinguer la magie des sciences occultes, des sciences mal faites, imaginées par les simples ou les sauvages et, aussi, de bon nombre de superstitions populaires. Une science occulte, par exemple, autrefois, l’alchimie, peut être considérée par ses adeptes, et même par le public, comme une vraie science qui, par des moyens naturels, mais secrets, produit des effets naturels, merveilleux pour les ignorants, pour les profanes. La pierre philosophale devait être un corps dont la propriété spécifique serait de changer tous les métaux en or. Certains alchimistes pouvaient aussi prétendre avoir à leur service des agents prétematurcls ; alors c'étaient de véritables magiciens, l’aristocratie des sorciers ; et ils étaient traités comme tels. Quand, vers 1922, un faiseur de pluie passait contrat avec des cultivateurs de l’Amérique du Nord, il prétendait avoir un secret, une science occulte ; le public croyait ou ne croyait pas, ou attendait ; personne, que je sache, ne soupçonnait la magie d’intervenir.

1 remarques analogues sont a faire sur les sciences enfantines des simples et des sauvages, et sur les