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spirituel ; nu que la volonté de celui pour lequel on prie refuse opiniâtrement la conversion demandée ou l’acte demandé, s. Thomas, Sum. theol., II U -II 1C, q. Lxxxiii, a. 15, ad 2um ; In I Y'"" Sent., dist. XLV,

([. ni, a., 'i.

d) Bien que les prières adressées à Dieu par les autres saints, soient toujours efficaces, si on les considère en elles-mêmes, indépendamment des obstacles que la volonté humaine peut apporter, In l yum Sent., loc. eit., il y a toujours, entre la puissance d’intercession de Marie et celle des autres saints, cette différence que celle de Marie est universelle, s'étendant sans restriction ni exception, à tous les besoins de l’humanité et à tous les hommes, tandis que celle des autres saints est plus particulièrement restreinte à quelques biens ou à quelques grâces et à certaines personnes ou catégories de personnes. D’ailleurs, comme on l’a déjà dit, les prières des autres saints pour être agréées par Dieu, doivent, selon le plan divin, être appuyées par celles de Marie, ou être offertes en union avec les siennes.

2. Toutes ces explications nous montrent que la toute-puissance d’intercession de Marie, reposant uniquement sur les mérites de Notre-Seigneur et sur son amour pour sa mère, loin de porter atteinte à sa médiation universelle, l’exalte et la glorifie, comme selon la parole de l'Écriture, la resplendissante parure du ciel publie la gloire et la puissance du Créateur.

II. LÉGITIMITÉ ET NATURE DU CULTE RELIGIEUX

envers Marie. — Après avoir rappelé, sur ce point, l’enseignement néo-testamentaire, nous étudierons à grands traits l’enseignement traditionnel aux diverses périodes de son histoire, et nous en déduirons quelques conclusions doctrinales relativement à la nature de ce culte.

I. ENSEIGNEMENT NÉO-TESTAMENTAIRE.

Il est

implicitement renfermé dans les deux vérités intimement connexes de la maternité divine et de la médiation universelle de Marie, contenues dans l'Évangile, comme on l’a constaté plus haut. Dès lors que le culte des saints, considéré d’une manière générale, est légitime, et nous le savons par beaucoup de paroles scripturaires confirmées parla tradition catholique, il est certain aussi que la maternité divine de Marie et sa médiation universelle, affirmées par l'Écriture, doivent légitimer son culte.

II. ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL — 1™ période,

depuis les temps apostoliques jusqu’au concile d'Éphèse en 431, marquée par quelques faits et par quelques affirmations doctrinales attestant, d’une manière plus ou moins explicite, quelque pratique d’un culte religieux envers Marie.

1. Dès cette époque, le premier fait à signaler est celui de la croyance chrétienne aux principaux privilèges de la très sainte Vierge. A la lumière des nombreux témoignages des quatre premiers siècles, tels que nous les avons constatés pour chacun des privilèges de la Mère de Dieu, la croyance chrétienne, pendant cette période, nous apparaît très manifeste. La maternité divine est affirmée avec certitude, bien que l’expression Geoxôxoç ne soit pas encore en usage ou n’apparaisse formellement qu'à une époque assez tardive. La virginité de Marie, dans la conception et l’enfantement de son divin Fils, est universellement admise, à la seule exception de Tertullien, dont le langage, après sa séparation de l'Église, est opposé à la virginité in partu.

Très assurée aussi, bien que, le plus souvent encore implicite, est la croyance à la médiation universelle de Marie. Elle est affirmée par saint Justin, saint Irénée et Tertullien dans l’antithèse qu’ils établissent entre Eve qui, par sa désobéissance commise à l’instigation du démon, a été pour l’humanité une cause

de mort, et Marie qui par son obéissance a la parole (hl’ange, a été pour l’humanité une cause de salut.

Ce ne sont point seulement les Pères et les docteurs (fui proclament les privilèges de Marie. Par l’insertion des paroles imtus ex Maria virgine dans le symbole, au moins dès le w siècle en Occident, les privilèges de Marie étaient habituellement connus des fidèles, auxquels le symbole devait être expliqué avant leur admission dans l'Église. Quelques faits nous montrent que cette croyance était expliquée même aux catéchumènes. Dans ses homélies sur saint Luc, Origène s’adressant aux catéchumènes, comme il nous le dit lui-même, après avoir enseigné la maternité divine, la conception virginale et la virginité perpétuelle de Marie, affirme aussi que c’est à la parole de Marie, suggérée par Jésus, que Jean-Baptiste a été sanctifié, In Luc, nom. vii, P. G., t. xiir, col. 1817 ; que, de même que le péché avait commencé par la femme et était ainsi arrivé jusqu'à l’homme, ainsi le salut a eu son commencement a mulieribus, col. 1819. Dans cette sanctification, Elisabeth figure aussi, puisque Jean a été sanctifié par son intermédiaire. Mais il est évident qu’il s’agit surtout de la médiation de Marie, car Origène ajoute. « Il est inadmissible qu’en l’instant de la visite et du salut de Marie l’enfant ait tressailli de joie, et qu’Elisabeth ait été remplie du Saint-Esprit, et que, pendant les trois mois du séjour de Marie auprès d’Elisabeth, ni Jean, ni Elisabeth n’ait profité de la présence si proche de la mère de Dieu et du Sauveur lui-même. Hom. rx, col. 1822. Une croyance aussi universelle, ainsi enseignée aux fidèles, qui, dans les siècles suivants, inspira envers la Mère de Dieu une dévotion constante, n’autorise-t-elle pas à penser que, dès cette époque, cette pratique avait commencé à exister ?

Dans un ordre d’idées un peu différent, le Protevan gile de Jacques témoigne, à sa manière, de la dévotion populaire envers Marie. Ce que les théologiens, soit de l’antiquité, soit des temps plus modernes, ont réalisé par voie de raisonnement, le naïf auteur le fait par un exposé qui, en bien des cas, ne manque ni de grâce ni de fraîcheur.

2. Un deuxième fait est celui de la pratique de l’iniwcation des saints, attesté, à cette époque, au moins depuis la fin du n° siècle, particulièrement pour les martyrs, voir Communion des saints, t. rot, col. 477 sq. ; cf. H. Delehaye, Les origines du culte des martyrs, Bruxelles, 1912, p. 128 sq.

L’invocation fréquente des saints étant bien constatée, est-il vraisemblable que Marie, dont les prérogatives spéciales étaient alors l’objet de la croyance universelle, n’ait pas été comprise dans cette invocation ?

3. Un troisième fait est l’existence de fresques ou de représentations de la très sainte Vierge, appartenant à cette période. Parmi ces fresques nous mentionnerons particulièrement les suivantes, d’après G. Wilpert, Roma solterranea, le pilture délie catacombe romane, Rome, 1903 ; J. B. de Rossi, Roma sotterranea cristiana, Rome, 1877, t. iii, p. 65 sq., 252 ; Marucchi, Éléments d’archéologie chrétienne, 2e édit., Rome, 1906, p. 323 sq. ; Sixte Scaglia, Manuale di archeologia cristiana, Rome, 1911, p. 2Il sq. ; R. Garrucci, Ston’a dell’arte cristiana, Prato, 1881, t. i, p. 359 sq. : Yelri ornati di figure in oro trovati nei cimiteri dei Cristiani primitivi di Roma, Rome, 1858, p. 26 sq. : voir aussi Dictionnaire de la Bible, art. Marie, t. IV, col. 806 sq.

Au commencement du iie siècle, on trouve au cimetière de Priscille, la célèbre représentation de la Vierge assise, tenant l’Enfant Jésus sur sa poitrine, tandis qu’un personnage, vraisemblablement un prophète debout auprès d’elle, montre une étoile placée au-dessus du groupe divin. Cette représentation est