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MARIE, GL01 RE DANS LE Cl I I

la pensée îles souffrances de Jésus dut, pendant toute la vie de Marie, être fréquemment présente a son esprit, a cause de In très parfaite association d’esprit et de cœur entre le Bis et la mère. Mais il n*j a pas Heu d’admettre une continuité ininterrompue de pensée, qui ne peut se concilier avec les ineffables suavités surnaturelles que Marie dut éprouver fré quemment, soit dans la jouissance transitoire do la ision béatifique, soit surtout dans la jouissance nabi tuelle de l'état mystique d’union transformante. D’ailleurs il n’est point raisemblable que la prés Ision des souffrances du Calvaire, quand elle était présente I l’esprit de Marie, lui ait incessamment causé la douleur suprême qu’elle ressentit au pied de la croix. Une souffrance prévue, surtout quand elle est généreusement acceptée par une Ame familiarisée avec cette pensée et pleinement résignée à la volonté de Dieu, n’est point habituellement ressentie avec l’Intensité qu’elle a dans --a réalité actuelle. On doit d’ailleurs mrappeler que l’Ame de Mario, jouissant habituellement « Ul’union transformante, dut bénéficier, d’une manière tris excellente, de ce que dit sainte Thérèse, que l’Ame dans cet heureux état supporte, avec uno joie très vivo, los épreuves envoyées ou permises par la divine Providence.

Il reste toujours vrai que la pensée dos souffrances de lésus fut tris souvent présente a l’esprit de Mario. et lui causa uno douleur très intense, bien que tempérée par son grand amour pour Dieu et par les joies Mes dont elle fut habituellement favorisée.

III. VIE GLORIFIÉE DE MARIE ; CONSÉQUENCES QUI EN DÉCOULENT. — On étudiera très sommairement : I. La gloire de Marie dans le ciel, puis on s’attachera a marquer : II. La légitimité et la nature du culte religieux qui lui est dû (col. 2 139 1.

III. Les bienfaits que procure ce culte fcol. 2454).

IV. La doctrine relative aux principales pratiques de ce culte fcol. 24*

I. Gloire ht puissance d’intercession de Marie

M" CIEL. -- I. OLOIRS I’K MAJUK AD Cl KL.

l Perfection de la vision béettifique en Marie. Nous

savons que la perfection intensive de la vision béatitique est proportionnée au degré de charité ou de

sanctifiante que l’Ame possède au moment où

la vie d'épreuve. S. Thomas, Suni. Iheol., I a, q, it..i. G NOUS savons aussi que Mario, comme on l’a montre précédemment, possédait au moment de sa mort glorieuse, uno charité surpassant de beaucoup celle de tous les anges et de tous les saints. Il I inc certain que la vision béat i tique de l’auguste More de Dieu est d’un.' perfection intensive bien supérieure à celle de tous les anges et de tous les saints. Toutefois, si parfaite que s, , jt cotte science. Marie ne peut par elle connaître en I)ieu tous les possibles. Selon le raisonnement de saint Thomas, pour que la connaissance de tous les possibles fût entièrement possédée en vertu de la vision béatifique, il faudrait que la puissance divine, conséquemment l’essence divine, fût adéquatement comprise par l’intelligence

de Mario : ce qui ne peut être. D’ailleurs, pour la même raison, l’intelligence humaine de Jésus-Christ ne peut, par la vision béatifique, avoir une parfaite connaissance de tous les possibles. S. Thomas. De reritate. q. xx. a. ô : Sum. theol., III'. q. x. a. 2. - : m. Ajoutons que, par la vision béatifique, Marie connaît toutes les choses passées prosentes et futures concernant toute l’humanité rachetée par lésus(.hrist. C’est un principe universellement reconnu par les théologiens, que chaque élu. pour que rien lie manque a sa parfaite félicité, voit en Dieu tout ce qui doit le concerner, omnia quss ad ipsum ipeetant. S. Thomas, Sum. theol.. III'. q. x. a. 2.

.nt médiatrice universelle de tous les chrétiens

pour l’acquisition et la distribution de toutes les grvces méritées par Jésus-Christ, Mario doit donc connaître tout ce qui concerne la sanctification et le salut éternel de toutes les âmes rachetées par.lesus Christ. Toutefois la science de ision, possédée par Mario, est Inférieure a celle de l’Ame de Notre-Selgneur,

parce que sa participation a la lumière de gloire est moins parfaite que colle de lame de son divin l’ils.

Triple auréole de la virginité, de l’apostolat et du martyre possédée par Marie au ciel. On a expliqué ailleurs comment, selon l’enseignement théologique,

l’auréole des oins consistant dans la joie causée par

une victoire Insigne remportée dans des circonstances particulièrement difficiles, victoire de la virginité, vie

toiro do l’apostolat, victoire du martyre, donne a

l'àme un surcrott « le bonheur accidentel, et au corps, glorifié une augmentation d'éclat et de beauté céleste.

Voir Al' n i (il B, t. i. col. 'l’il’l. Cette définition admise, il est certain que cette triple auréole dut être concédée a Marie. Suaroz, In ///"". t u. disp. XXI, sect m. 5 L’auréole de la virginité lui était duo. puisque sa ir ginité a surpassé en perfection colle de tout le reste de l’humanité. L’auréole des docteurs est. selon saint Thomas, accordée non seulement à ceux qui prêchent officiellement les vérités appartenant au salut, mais encore a tous ceux qui exeroent licitement cotte fonction, quibuscumque qui licite hune aetum exercent. In IY"' n Sent., dist. XI. IX. q. v. a. 3, quæst. 3. Cette auréole fut donc concédée à Marie qui, mue par sa parfaite Charité, dut souvent, dans des entretiens privés, aider, do ses lumières et de sis conseils, les apôtres et les premiers fidèles. Marie possède aussi

l’auréole des martrys, à cause des souffrances qu’elle endura pendant la passion de son divin Fils. Causées par les persécuteurs de Jésus-Christ, ces souffrances

étaient, par elles-mêmes plus que suffisantes pour donner la mort à Marie si ses forces n’avaionl été miraculeusement soutenues par Dieu. Pour mériter l’auréole du martyre, il suffit d’avoir enduré avec courage des souffrances capables de causer la mort. quand mémo, par quelque circonstance providentielle, la mort no serait point survenue ? S. Thomas. In /V""' Sent., dist. XI. IX, q. v, a. 3, quast :  ;. ad 7 UI ". Aussi le litre de martyre et do reine dos martyrs a-t-il été communément donné à Marie, comme l’indique saint Alphonse do Liguori résumant toute la tradition, (iloircs de Marie, part. II. dise, ix

3° Gloire spéciale résultant de la maternité divine. A ces gloires communes possédées par Mario, d’une manière si éminente, s’ajoute a cause de la maternité divine, une gloire spéciale, distinguant Marie de tous les autres élus, et attestant ses sublimes prérogatives, en même temps que son éminente supériorité SUT tous les autres bienheureux. Suarez, In III" » S. Ttwmse, t. n. dis]). XXXI, sect. iv, 13 ; Novato, op. cit.. t. ii. p. 358 sq.

r Royauté de Marie sur l’ensemble des étus. — Procédant do la maternité divine et de la médiation universelle do Mario, cette royauté est exprimée en langage théologique par une double formule. I.a première formule, Marie est assise sur un trône à la droite de son divin l’ils, exprime, par une métaphore analogue à celle qui est employée pour Notre-Seigneur, s. Tho mas, Sum. theol., IIP, q. lmii. a. 1, CCS deux vérités qu’au ciel le bonheur et la puissance de Marie surpassent de beaucoup la gloire, le bonheur et la pur sanco des autres saints, et que Marie, connue mère de tous les élus, a sur eux une sorte do royauté non seulement d’excellence, mais encore de puissance et de domination grvce a sa médiation universelle. I.a deuxième formule. Marie forme un ordre particulier bien supérieur à celui des anges et des autres saints.

exprime surtout la transcendante supériorité de i,