Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/503

Cette page n’a pas encore été corrigée

i’ill

MARIE, SCIENCE DES CHOSES DIVINES

2412

t(it< q. xii, a..'i, ad i'"". On se rappellera en lin que la vision béatiflque, ainsi transitoirement possédée

par Marie, ne détruisit pas en elle l’habitude ou la vertu de foi, conclliable avec l’acte passager de la vision béatiflque. Tant qu’elle durait, celle vision excluait seulement l’aele de loi qui ne peut exister en même temps que l’acte de la vision. S. Thomas, De veritate, q. xiii, a. 2, ad 5um.

c) II nous suffira de mentionner l’opinion très particulière de François Guerra, O. M. († 1658), affirmant que Marie, à partir du premier moment de sa conception, a été.simul viatrix et comprehensor et qu’elle a possédé habilum luminis gloriæ et ientionis cum habitibtis ftdei et spei. Majestas gratiarum ac virtutum omnium Deiparx virginis, Séville, l(i. r) (), t. i, p. 67. Cette opinion, dépourvue de fondement, opposée à l’enseignement moralement unanime des théologiens, contredit encore des conclusions théologiques bien certaines : notamment que Marie était rendue impeccable seulement par la protection de la grâce divine, qu’elle posséda la vertu de foi et qu’elle dut, par ses propres mérites surnaturels, acquérir la récompense éternelle.

II. ÉTENDUE ET PERFECTION DE LA SCIEXCE ES

MARIE. — Nous indiquerons brièvement les principales conclusions, sans qu’il soit nécessaire de citer pour chacune une longue liste d’autorités.

1 ' « conclusion. - Comme conséquence des dons divins qui lui convenaient à cause de sa maternité divine, Marie dut, pour la perfection de sa vie spirituelle, posséder une très ample connaissance des vérités surnaturelles. S’il est vrai que la charité envers Dieu n’est pas nécessairement en proportion avec la connaissance et qu’il peut y avoir, de fait, plus d’amour que de connaissance, voir Charité, t. ii, col. 2235, S. Thomas, Sum. theol, Ia-IIæ, q. xxvii, a. 2, ad 2um, il est non moins certain que la connaissance des vérités surnaturelles aide puissamment à l’acquisition et au perfectionnement de la vraie dévotion, S. Thomas, Sum. theol., II*- !  ! *, q. lxxxii, a. 3, ad 3um, ainsi qu'à la contemplation des vérités surnaturelles. Saint Thomas ne dit-il pas, Sum. theol., II a -II ffi, q. clxxxviii, a. 5, qu’elle fournit à la contemplation une matière abondante et sûre, et qu’elle en écarte de nombreux et graves dangers d’illusion et d’erreur qui pourraient facilement s’y glisser ?

Marie devant exceller dans la pratique constante de la contemplation, devait donc exceller dans la connaissance des vérités surnaturelles. Marie devait encore posséder une très excellente connaissance à cause de l’intime association qu’elle dut, comme mère de Dieu, avoir avec son divin Fils dans l'œuvre de notre rédemption. De sa part, une telle association exigeait la coopération la plus intime, celle du sacrifice maternel généreusement accepté, incessamment renouvelé et finalement consommé au pied de la croix. Ne convenait-il pas que, dans la mesure où elle était appelée à coopérer par son consentement à cette oeuvre sublime, Marie fût associée à la connaissance des moyens par lesquels elle devait s’accomplir et se perpétuer dans les âmes jusqu'à la consommation des siècles ? Ce qui en réalite, dans le plan actuel de la Providence, où tout gravite autour de l’incarnation et du sacrifice rédempteur, comprend tout l’ensemble des vérités surnaturelles.

2e conclusion. — Quant à l'étendue de ces connaissances surnaturelles en Marie, il est difficile de donner une détermination précise, soit pour l’ensemble de la vie de Marie, soit pour les diverses époques de sa vie. Nous nous bornerons aux indications suivantes :

1. Relativement aux vérités dogmatiques ou aux vérités théologiques, Marie eut une connaissance bien supérieure à celle de tous les anges et de tous les

hommes in statu vin 1, soit à cause de son éminente perfection surnaturelle, soit à cause de sa coopération intime a l'œuvre de la rédemption.

2. Relativement aux mystères surnaturels et a l’incarnation en particulier, Marie, soit du côté de l’expérience personnelle, soit du côté de l’illumination divine, n’eut la connaissance évidente d’aucun mystère, en dehors des heureux moments où elle jouit transitoirement de la vision béatiflque,

a) Il est vrai que, relativement au mystère de fin carnation, Marie posséda une parfaite évidence de crédibilité résultant du témoignage immédiat de l’archange Gabriel et de l’expérience directe qu’elle eut, en elle-même, des merveilles de la conception virginale et de l’enfantement virginal. Mais quelque parfaite que fût cette évidence, extrinsèque à la nature intime du mystère de l’union hypostatique, celle-ci restait en elle-même inaccessible à l’intelligence de Marie. C’est ce qu’enseigne saint Thomas, quand il dit que, malgré l'éclat extérieur d’un miracle attestant la vérité de la parole divine, l’enseignement divin reste en lui-même inévident et peut être l’objet de la foi. Sum. theol., II 3 - !  ! 38, q. v, a. 2. D’ailleurs, selon saint Thomas, la foi est exclue seulement par la pleine vision, c’est-à-dire par la vision béatifique, a. 1.

b) il est aussi très probable que, pour ce même mystère de l’incarnation, Marie reçut de Dieu des illuminations très parfaites et purement intellectuelles, qui lui donnaient une connaissance éminemment supérieure à celle de la foi. Mais quelle que fût la perfection de ces représentations intellectuelles, Dieu n'était point connu en lui-même, mais seulement par les effets surnaturels de sa toute-puissance, ou par des représentations purement analogiques de ses divins attributs. S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. clxxiii, a. 1 sq. ; q. v, a. 1, ad lum ; I a, q. xciv, a. 1 ; q. xii. a. 3, ad 3um.

3e conclusion. — Les principes que nous venons de rappeler montrent qu’en dehors des moments de jouissance transitoire de la vision béatifique, Marie n’eut jamais en cette vie, même dans les états mystiques les plus relevés, la perception immédiate de Dieu. Nous savons en effet, par l’enseignement de saint Thomas, qu’en dehors du cas très exceptionnel d'élévation transitoire à la vision béatifique, Dieu peut être connu par l’intelligence humaine, en cette vie, seulement d’une manière médiate par les effets de sa toute-puissance dans l’ordre naturel et dans l’ordre surnaturel, ou par une révélation ou illumination divine donnant quelque concept analogique des attributs divins. Ce que l’on doit appliquer même aux cas très spéciaux des illuminations divines dans la contemplation surnaturelle la plus relevée. S. Thomas, Sum. theol., I », q. xii, a. 13 ; IIa-IIæ, q. v, a. 1, adl nm ; q. clxxx, a. 5.

4e conclusion relative à la connaissance des choses futures, particulièrement du plan divin concernant la sanctification et le salut éternel de l’humanité. Il convenait que, dès sa vie terrestre, et comme associée à la rédemption accomplie par Noire-Seigneur, Marie connût, sinon dans tous ses détails d’application individuelle, du moins dans tout son ensemble, cette œuvre ineffable du salut de l’humanité tout entière. Peut-on aller plus loin et dire que Marie, dès sa vie terrestre, connut en détail, tout ce qui concerne la sanctification et le salut de chacun des membres de l’humanité ; et que pour chacun d’eux, connu par elle individuellement, dans cette longue suite de siècles, elle pria et offrit toutes ses souffrances, ainsi que le sacrifice de son divin Fils ? Il ne semble pas que l’on puisse en donner une preuve convaincante, surtout s’il s’agit d’une connaissance univer-