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MARIE MEDIATRICE : ACQUISITION DE LA GRACE

volonté de garder la virginité, il V avait, pour la sienne, une parfaite sauvegarde.

b. — Le consentement exprimé eut, comme unique objet, les droits inhérents à l’union matrimoniale, droits qui n’étaient, en eux-mêmes, aucunement empêchés par la volonté mutuelle de ne point s’en servir. Sur cette question Voir art. Mariage, ci-dessus col. 2144, 2152, 2187, etc.



II. Médiation universelle de Marie en vertu de sa maternité divine

La médiation universelle de Marie étant une conséquence de sa maternité divine, telle qu’il a plu à Dieu de la réaliser dans l’ordre actuel, il convient de l’étudier immédiatement après la maternité divine, bien que l’exercice plénier de cette médiation ait été possédé par Marie seulement après son entrée au ciel.

Nous allons donc considérer la médiation universelle de Marie sous le double aspect de l’acquisition et de l’impétration de toutes les grâces, en dépendance de la médiation de son divin Fils.

I. MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE POUR L’ACQUISITION DE TOUTES LES GRACES

Implicitement contenue dans le Nouveau Testament, cette vérité a été exprimée par la tradition catholique constante.

C’est une vérité implicitement contenue, dans l’enseignement néo-testamentaire. Luc. i. 26-38.

L’archange Gabriel négocie avec Marie le grand événement duquel doit dépendre le salut du monde. Comme condition pour l’accomplissement de l’incarnation, l’ambassadeur céleste demande le consentement de Marie : il attend la réponse de Marie et s’éloigne seulement après l’avoir obtenue.

Ce qu’il importe surtout d’observer, c’est que l’incarnation pour laquelle le consentement de Marie est demandé, c’est l’incarnation rédemptrice entraînant. pour Marie une participation aux souffrances de son divin Fils et à son œuvre régénératrice. Ce que montrent particulièrement Léon XIII et Pie X.

Par son admirable consentement donné pour tout le genre humain, dit Léon XIII dans l’encyclique Fidentem piumque du 26 septembre 1896, Marie a procuré aux hommes leur Sauveur, et pour cette cause elle est une très digne et très acceptée Médiatrice, auprès du Médiateur. Et selon l’enseignement de Pie X, dans l’encyclique Ad diem illum du 2 février 1904, c’est à cause de la communion de douleurs et de souffrances entre Marie et Notre-Seigneur, que Marie a mérité de devenir très justement la réparatrice de l’humanité déchue.

Nous allons d’ailleurs constater que la coopération de Marie à notre rédemption, d’après le fait de son consentement à l’incarnation, a été fréquemment affirmée par la tradition catholique.

Enseignement traditionnel.

1re période, depuis des temps apostoliques jusqu’au commencement du ve siècle, caractérisée par une affirmation au moins implicite de la médiation universelle de Marie.

Au iie et au commencement du iiie siècle, cette affirmation est virtuellement contenue dans l’antithèse, plusieurs fois répétée, entre Eve qui, par sa désobéissance commise à l’instigation du démon, a été pour toute l’humanité une cause de mort, et Marie qui, par son obéissance à la parole de l’ange, a été pour toute l’humanité une cause de salut. S. Justin, Dial., 100, P. G., t. vi, col. 711 : S. Irénée, Cont. hær., III, xxii. 4 ; V, xix, 1. P. G. t. vii, col. 958 sq., 1175 : Tertullien, De carne Christi, 17, P. L., t. ii, col. 782. Outre les passages que nous venons de citer de saint Irénée, on remarquera particulièrement deux textes Cont. hær., Iv, xxxiii, 4. 11, P. G., col. 1074 sq., 1080, que dom Massuet, col. 1074, avait entendus de Ia régénération spirituelle procurée à l’humanité par l’intermédiaire de l’Église. Le P. Galtier. La Vierge qui nous régénère, dans les Recherches de science religieuse, mars-avril 1914, p. 136 sq. à montré que les deux textes doivent s’entendre de la régénération spirituelle provenant de Marie, comme aux deux textes précédemment cités, où Marie, cause de salut pour toute l’humanité, est mise en contraste avec Eve, qui avait été une cause de mort, Comment l’homme, affirme saint Irénée contre les ébionites, deviendra-t-il Dieu en obtenant la régénération surnaturelle, si Dieu ne devient pas homme où ne se fait pas homme pour le sauver ? Comment l’homme abandonnera-t-il la génération de mort produite en lui par le péché, s’il ne passe point à une génération nouvelle, à une régénération merveilleusement et inopinément donnée par Dieu en signe de salut, et causée par la foi de la Vierge : Quemadmodum autem relinquet mortis generationem, si non in novam generationem mire et inopinate a Deo in signum autem salutis datam, quæ est ex virgine per fidem, regenerationem ? col. 1074 sq. La foi de la Vierge, par laquelle la régénération nous a été procurée, est bien la foi par laquelle Marie a été, pour tout le genre humain, la cause du salut ; tandis que, par son incrédulité et sa désobéissance, Eve avait causé notre perte, col. 960, 1175 sq. La régénération qui est ex virgine per fidem est aussi la même que celle qui, à ce chapitre est expressément attribuée au sein de Marie, dans cette phrase où il est question du Fils de Dieu fait homme, purus pure puram aperiens vulvam, eam quæ regenerat homines in Deum. quam ipsa puram fecit, col. 1080, Voir Irénée (saint), t. vii, col. 2485 sq. Dans la Demonstratio apostolicæ prædicationis, 33. Irénée donne la même doctrine, comme le montre J. Bittrémieux, De mediatione universali B. M. Virginis quoad gratias. Bruges, 1926, p. 104 sq.

Au ive siècle, l’antithèse entre Ève, cause de mort, et Marie, cause de salut ou cause de vie pour toute l’humanité, est reproduite par S. Cyrille de Jérusalem, Cat., xii, 5, 15. P. G., t. xxxiii, col. 7141 : S. Épiphane, Hær., lxxviii, 18, P. G., t. xlii, col. 728 : S. Jérôme, Epist., xxii. 21, P. L., t. xx, col. 408. Même enseignement chez S. Jean Chrysostome, Homil. in sanctum Pascha, 2, P. G., t. lii, col. 768, Expos. in ps. XLIV, 7, P. G., t. lv, col. 193. On remarquera particulièrement l’interprétation donnée par ce dernier à Gen., iii, 15, annonçant la femme ennemie de tout pacte avec le démon ; qui sera, elle et sa race, l’ennemi perpétuel du démon, In Gen., iii, hom. xvii, 1, P. G., t. liii, col. 143. De cet enseignement n’est-il pas évident que Marie, d’où la vie était provenue pour toute l’humanité régénérée est Vraiment la mère des vivants, selon l’expression employée par saint Épiphane, loc. cit. ? Signalons aussi, chez saint Ephrem, l’appellation post mediatorem mediatrix totius mundi, dans une prière dont l’authenticité, affirmée par Assémani et Lamy, n’est cependant pas entièrement certaine, Opera omnia, édit. Assémani, Rome, 1740, t. iii, græco-lat., col. 528, 539 ; Lamv. Sancti Ephræm Syri hymni et sermones, Malines, 1882-1889, t. i, proleg., p. xlix. À la même époque, saint Ambroise dit expressément que Marie a engendré l’auteur du salut, De instit. virg., xix, P. L., t. xvi, col. 326 sq., qu’elle a opéré le salut du monde et conçu la rédemption de tous. On observera chez saint Nil († 420), une affirmation qui, toutefois, d’après ce que l’on sait de l’ensemble de ses épîtres, n’est pas d’une authenticité certaine, Ève appelée, après sa création du nom de mère de tous les vivants, était la figure de Marie, la seconde Ève, qui a enfanté Jésus-Christ, la vie des hommes. Marie est vraiment la mère de tous ceux qui vivent selon les préceptes évangéliques, et dont l’âme ne meurt point par l’incrédulité, Epist., ii, 266, P. G, , t. lxxxix, col. 1840.

2° période, depuis le commencement du ve jusqu’au