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MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT THÉOLOGIQUE

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nativitas Christi dici possit. De partu Virginia, I. I, P. L., t. cxx, col. 1367 sq., L380. Tout ce qui ! y aurait de spécial pour Marie, c’est qu’elle n’aurait point i onçu à la manière ordinaire : Dicunt mendose Marlam virginem naturali lege Dominant pepertsse sicut reliques pariunt virgines et non uliunde in partu incorruptam fuisse, solummodo nisi quia ex viri coitu non conceperit, I. II, col. 1383. C’est contre cette erreur que Paschasc dirige toute son argumentation, en prouvant qu’il est téméraire et contraire à la vérité, d’aflirmer que la naissance de Jésus s’est accomplie selon la loi commune de la nature, col. 1308, 1380. Par cette simple description de l’erreur que combat Paschase, nous comprenons que ce n’est point avec Ratramne qu’il est en lutte.

Sa doctrine se résume en ces deux assertions : a. — La naissance de Jésus s’est accomplie clauso utero, comme l’entrée de Notre-Seigneur auprès de ses disciples s’est accomplie januis clausis, col. 1382. Marie a enfanté clauso utero, comme elle a conçu clauso utero, col. 1375. Ceux qui disent que Jésus a ouvert vulvam matris, totum desipiunt et destruunt quod sanse doctrines est, quod rudimenta fidei de Christo Ecclesiis commendarunt, quod gratia Spiritus sancti in mysterio promulgavit, col. 1375. Paschase interprète en ce sens la porta clausa d'Ézéchiel, col. 1381, Ylwrtus conclusus et le fons signatus du Cantique des cantiques, col. 1374. De cette naissance il écarte l’ordinaire apertio vulvæ, col. 1375, 1379, 1382, et toute effraction du sceau virginal, col. 1384. — b.- — Jésus s’est cependant ouvert un passage, mais sans porter atteinte à l’intégrité virginale : Aperuit sibi sua potentia mirabiliter ut esset et pervium iler, ila ut virgineus clausus maneret utérus, col. 1377. Assertion plusieurs fois répétée sous diverses formes, col. 1374, 1378, 1381, 1382, et rendue facilement croyable par ce principe que rien n’est difficile à Dieu, au commandement duquel la nature tout entière est soumise, col. 1377. On notera d’ailleurs que Paschase n'émet nulle part la conclusion qui lui est attribuée par Herzog, op. cit., p. 49, que le Christ n’a point pris la voie commune pour sortir du sein de sa mère.

Il n’y a donc aucune différence substantielle entre la doctrine de Paschase et celle de Ratramne. Il y a seulement une différence d’attitude à cause des erreurs divergentes qu’ils combattent. Contre l’erreur niant la naissance ex utero, Ratramne s’attache particulièrement à démontrer cette vérité, tout en sauvegardant expressément l’intégrité du sceau virginal. Contre l’erreur soumettant l’enfantement divin à la loi commune, Paschase prouve surtout la constante permanence du sceau virginal, dans l’enfantement, en affirmant aussi le passage miraculeux de Jésus, accompli avec un absolu respect de l’intégrité virginale.

Il n’y a, d’ailleurs, aucune trace d’une opposition ou d’une controverse doctrinale sur ce point entre Ratramne et Paschase, ni dans leurs écrits, ni dans aucun écrit contemporain. Il est donc injuste de les opposer l’un à l’autre, comme le fait Herzog.

c) Enseignement théologique depuis la fin du ix* jusqu'à la fin du ine siècle. — a. — Chez les théologiens ou auteurs ecclésiastiques qui ne donnent qu’une affirmation générale du dogme de l’enfantement virginal, les expressions employées ne présentent rien de spécial. Nous citerons particulièrement S. Fulbert de Chartres, Serm., ix, 3, P. L., t. cxli, col. 337 sq. ; S. Anselme († 1109), Homiliee et exhortai io nés, nom. ix, P. L., t. clviii, col. 646 ; Orat., xlvi, col. 942 ; Eadmer († 1124), De excellentia B. Mariée, c. iv, ix, P.L., t. eux, col. 563 sq., 575 ; Hugues de Saint-Victor († 1141), De B. Mariée virginitate, c. i, ii, iii, P. L., t. clxxvi, col. 866, 870 sq. ; 872 ; S. Bernard († 1153), In vigilia Nativitatis Domini, serm. iv, 3 sq. ; De duodecim

prserogatiuU B. Vlrginls, 8 sq., P. L., t. clxxxw, col. 101 sq., 433 sq. ; Richard de SaintVictor († 1173),

De limmanuele, I. II, c. xxv sq., P. L., t. exevi, col. 659 sq.

b. — Les ailleurs ecclésiastiques et les théologiens qui, à cette époque, donnent une explication théologique de l’enfantement virginal, emploient de préférence, comme on l’avait fait avant Ratramne et Paschase Radbert, les expressions ou formules signifiant l’absolue intégrité virginale de la mère de Dieu. Ils laissent généralement de côté les expressions indiquant quelque apertio uteri, au sens autrefois employé par saint Ambroise. Saint Pierre Damien († 1072) affirme que Marie est la porte fermée. Serm., i, P. L., t. cxliv, col. 508. Il compare l’enfantement virginal de Marie à l'émission d’un rayon de lumière. Comme le rayon de lumière procède de l'étoile, Stella intégra permanente, ainsi Jésus est né de la Vierge Marie, virginitate inviolabili permanente, col. 508. — Selon Geoffroi de Vendôme († 1132), Jésus est sorti du sein de Marie, invioluto virginitatis sigillo. Serm., m, P. L., t. ci.vii, col. 245. On observera que l’abbé de Vendôme note expressément une erreur attribuée par lui à quelques personnes qu’il ne nomme point. Le sein de Marie aurait été ouvert dans l’enfantement divin, puis refermé aussitôt après : Matrem Domini et anie parlum et post partum preedicant quidem virginem sed portam ventris ejus apertam in suo partu, et post partum statim clausam fuisse fatentur, col. 249. A cette erreur est opposée, comme vérité de foi, la virginité constante de Marie. La porte auguste, par laquelle le Sauveur est entré en ce monde, n’a jamais été ouverte. Toujours elle est restée fermée et scellée, col. 250. Par cette porte, le Sauveur est sorti aussi facilement que si elle eût été ouverte : de même qu’il est entré auprès de ses disciples januis clausis, col. 250 sq. — Abélard Cf 1142), dans un sermon sur la purification de Marie, montre que les paroles adaperiens vulvam, Luc, ii, 23, ne s’appliquent point à Marie, cujus iniegritas nulla est apertione dissoluta. Jésus est né, clauso utero matris, comme il est entré auprès de ses disciples, januis clausis. Serm., v, P.L., t. clxxviii, col. 419.

Au xjiie siècle, saint Thomas, après avoir prouvé par Isaïe, vii, 14, la virginité de Marie in partu et en avoir montré la haute convenance, Sum. theol., III a, q. xxviii, a. 2, explique, comme nous l’avons noté précédemment, le texte de saint Ambroise : Illa adaperlio non significat reserationem communem claustri pudoris virginei, sed solum exilum prolis de utero matris, ad lum. II montre que cette naissance virginale ne peut s’expliquer par le fait que le corps de NotreSeigneur aurait déjà possédé la subtilité des corps ressuscites : ce privilège ne convenait point au corps de Notre-Seigneur jusqu'à sa résurrection glorieuse. La seule explication est que tout ceci s’est accompli par un miracle de la toute-puissance divine, ad 3 am. Le même enseignement est donné dans le Compendium theologiee, opusc. ii, 225 ; et Quodlib. i, q. x, a. 22. Même enseignement chez saint Bonaventure : Jésus est né de la vierge Marie, non corrumpendo, quia hsec porta clausa eril in perpetuum. In vigilia nativit. Domini.. serm. xii, Opéra, Quaracchi, 1901, t. ix, p. 100. Il est sorti du sein de Marie, salvo signaculo virginali. De assumptione B. V. M., serm., ii, 2, p. 692. La loi mosaïque concernant omne masculinum adaperiens vulvam ne s’applique point à Marie, quee est porta clausa ante partum et post partum et in partu. Pour Marie Vadapertio vulvee doit s’entendre non quantum ad claustri apertionem, mais quantum ad fecundationem, selon le sens de plusieurs passages de l’Ancien Testament, Comment, in evang. Lucee, ii, 53, t. vii, p. 56.