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235J MARIE, MATERNITÉ DIVINE : ENSEIGNEMENT PATRISTIQ1 E 2352

foi catholique sur l’incarnation, affirme que le Fils éternel < ! < Dieu, le Verbe, Notre-Seigneur Jésus-Christ, est né de la vierge -Marie Ce fragment nous a été conservé par saint Cyrille d’Alexandrie qui l’a cité au concile d'Éphèse, Apologetieus rouira Orientales, P. G., t. i.x.wi, col. 344 ; Epistolee S. Felicis papse, ['. L., t. v, col. 156' ; son authenticité pourtant n’esl pas au-dessus de toute contestation. On peut encore mentionner comme appartenant an iiie siècle, les Lettres aux vierges faussement attribuées au pape saint Clément I". Dans la première lettre, l' auteur affirme <(ue le sein de la très sainte Vierge a porté NotreSeigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Epist., i, 0, dans Funk, Patres apostolici, t. ii, p. 5.

Au n 1 ' et au iiie siècle appartiennent encore les affirmations du symbole tel que nous pouvons le reconstituer d’après les documents actuels. La maternité divine y est implicitement affirmée, soit que l’on admette la formule natus ex Maria virgine, reproduite par Irénéc, Contra hwr., 11t. xvi, 3, 5, P. G., t. vii, col. 922, 924, et Tertullien, De præscript., 36, P. L., t. ii, col. 49, De virg. vel., I, col. 889 ; soit que l’on adopte la formule équivalente natum ex virgine, indiquée par Irénée, Cont. hær., 1, x, 1, P. G., t. vii, col. 549 ; par Origène, Periarch., i, prseꝟ. 4, P. G., t. xi, col. 117. A plus forte raison est-elle incluse dans la forme : natum ex Spiritu Sanclo et Maria virgine, qui a bien des chances d'être primitive. Voir Hahn. Bibliothek der Symbole, 3e édit., p. 22 sq.

Cette étude où nous n’avons signalé que les documents les plus manifestes affirmant de manière impli cite la maternité divine de -Marie aune et au nie siècles, nous permet de conclure que ce dogme était clairement contenu dans les formules souvent répétées à cette époque contre les gnostiques : le Fils de Dieu est réellement né de Marie, il s’est incarné en Marie, il a été porté dans le sein de Marie, il a été enfanté par Marie. Toutes ces formules contenant, comme nous le verrons bientôt d’après saint Athanase, Contra arianos, iii, 33 ; iv, 35, P. G., t. xxvi, col. 393, 524, le principe immédiat du dogme de la maternité divine de Marie, nous donnent la certitude que ce dogme était alors implicitement cru par les fidèles.

Quand à l’expression 6eo-6xoç. nous n’avons selon nos documents actuels, aucune preuve certaine qu’elle était employée au iiie siècle. On pourrait toutefois le supposer avec raison, parce que, dès le commencement du ive siècle, l’expression apparaît dans l’usage courant, sans qu’elle ait besoin d'être expliquée ou justifiée. (On sait que la lettre à Paul de Samosate, attribuée à saint Denys d’Alexandrie († 265) et contenant les expressions Dei genitrix Maria, dans les œuvres inauthentiques de saint Athanase, P. G., t. xxviii, col. 1564, n’est point de saint Denys.)

2. Au IV' et au eommeneement du v siècle, l’expression 6eot6xoç est communément employée, et le principe théologique sur lequel est appuyé le dogme de la maternité divine est clairement indiqué.

Saint Alexandre, évêque d’Alexandrie († 328), dans une lettre à Alexandre de Constantinople, donne à Marie le nom de Osotoxoç, sans fournir de ce titre aucune justification, ce qui suppose déjà un usage établi. Epist., i. 12, P. G., t. xviii, col. 568. La même expression se rencontre aussi chez Eusèbe de Césarée († 340), De vita Constantini. xlii, P. G., t. xx, col. 1104. — Même langage chez saint Athanase († 373), Contra arianos, orat. iii, 14, 29, 33, P. G., t. xxvi, col. 349, 385, 393. Il indique, en même temps, le principe théologique qui légitime l’emploi de cette expression. Puisque les actions propres au corps doivent être attribuées au Verbe, col. 393, 524, et que le corps du Verbe a été fait sx tîjç Osotôxou Maptaç, col. 393, il est donc vrai que le Verbe est né de Marie.

Ce que l'évoque d’Alexandrie résume dans cette formule : Kp'.orôç o5v ô èx Maptaç Osoç Sv8pto7roç.

Orat.. iv. 3."), col. 524.

Saint Hilaire († 366), en parlant de Marie, emploie les dénominations Mater Domini secundum carnem,

lu ps. 'XXXI, 8, P. 7… t. ix, col. 733, et Mater J Comment, in t lulth., i, 3, col. 922. Il explique quel a élé. pour Marie, ce rôle de mère : Quw ofjicio usa mâferno, sexus sui naturam m eonceptu et paria hominis exsecuta est. De Trin., x, 17, t. x, col. 356. Expressions qui signifient, au moins implicitement, la maternité divine, puisque saint Hilaire enseigne que.JésusChrist est à la fois fils de Dieu et fils de l’homme. De Trin.. x, 16, 19, 22, 23, col. 355. 357, 359, 361, et que Jésus-Christ fils de Dieu est né de Marie, ex virginali ventre manens antea Dcus nascitur. In ps. CXZVI, lti. t. îx, col. 700.

Saint Cyrille de Jérusalem, († 386) se sert de l’appellation LTapOïvoç /) Gsotôxoç. Cat.. x, 19, P. G. A. xxxiii, col. 685, et dit que c’est le Fils de Dieu lui-même qui est né de la vierge Marie. Cat., xii, 4, col. 720. Saint Épiphane († 403), dans son Ancoratus. écrit en 374, se sert de l’expression 6e3t6xcç, justifiée, dans le même passage, par la doctrine qui y est exposée sur l’union de la personne du Verbe avec la nature humaine, c. lxxv, P. G., t. xlhi, col. 157 sq. — Il en est de même chez Didyme d’Alexandrie († 395) dans son ouvrage De Trinitate, probablement écrit après le premier concile de Constantinople. i. 31 ; ii, 4 ; m. 4. P. G., t. xxxix, col. 422, 481, 484.

Il est, d’ailleurs, bien avéré qu'à cette époque l’expression 6sot6xoç était universellement en usage chez les catholiques, puisque, selon le récit de saint Cyrille d’Alexandrie, Julien l’apostat leur en faisait un reproche. Contra Julian., viii, P. G., t. lxxvi, col. 901. On doit noter, à cette même époque, l’addition insérée dans le symbole dit de Constantinople. voir t. iii, col. 1229 sq., concernant le Fils de Dieu, consubstantiel au Père, aapxcoôévTa èx Ilv£j(iy.To ; âyiou xai Maptaç. L’incarnation éx Mapîaç ainsi attribuée au Verbe divin exprimait équivalemment la maternité divine de.Marie. — Saint Grégoire de Xazianze († 390), dans une lettre contre Apollinaire, adressée en 382 au prêtre 'Clédonius, prononce anathème contre qui ne croit pas à Marie mère de Dieu, Epist., ci, P. G., t. xx.xvii. col. 177. Il montre d’ailleurs que la génération de la nature humaine de Jésus doit être attribuée au Verbe. Admettre en Jésus deux fils, l’un de Dieu le Père et l’autre de Marie, est digne d’anathème, col. 180.

Saint Zenon de Vérone († 390). affirmant que le Fils de Dieu, en gardant intacte sa nature divine, reçoit de -Marie, par l’opération du Saint-Esprit, un corps humain, donne, en conséquence, à Marie le nom de mère et à Jésus le nom de fils. Tractatus. t. II, viii, 2, P. L., t. xi, col. 413. N’est-ce point équivalemment l’appellation de Mère de Dieu ? — Saint Jérôme († 421) donne à Marie le titre de mère du Fils de Dieu, De perpétua virginilate B. Mariæ, 2. P. L.. t. xxiii, col. 185 A. — On rencontre chez saint Ambroise les expressions mater Domini. mater Domini Jesu, Exhorl. virgin., v, 33, P. L., t. xvi, col. 345 : mater Christi secundum carnem, Expos, evang. sec. Lucam. IL 26. t. xv, col. 1562. Cette dernière dénomination est expliquée dans le même passage par ces paroles expressive^ : Mater Domini, Yerbo jwta, Deo plena est, col. 1562. D’ailleurs l’appellation mater Dei est employée plusieurs fois. De virginibus, II, 1, 10, 13, t. xvi. col. 209 sq. — Saint Augustin († 430). sans employer l’appellation mère de Dieu, se sert de formules équivalentes. Dans une même phrase où la divinité de Jésus est formellement affirmée, Marie estappelée sa mère, Serm., excv, 2. /'. L.. t. xxxviii, col. 1018. A plusieurs reprises, elle est appelée mère du Créateur, Serm., clxxxvi.