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MARIE, VIRGINITÉ : N0UVEA1 TESTAMENT


E. Mangenot, Les évangiles synoptiques, Paris, 1911, p. 1 12.

5. Lerécil du baptême de Notre-Seigneur, dans saint Marc, est donné comme opposé à la conception virginale, parce que, selon Mare, assure-t-on, la filiation divine date seulement du baptême < ! < Notre-Seigneur. lare ne pouvait donc admettre la concepl ion virginale due seulement au Fils de Dieu.

Quelle autorité a-t-on pour attribuer a l'écrivain sacré une pareille assertion relativement à la divinité de Notre-Seigneur ? Le texte affirme seulement que Notre-Seigneur est alors déclaré Fils de Dieu, sans aucune indication qu’auparavant il ne l'était pas ou ne se considérait pas comme tel.

6. On veut aussi que la conception virginale soit contredite par le récit de Marc, iii, 21. Les parents de Jésus, croyant son esprit exalté, vinrent, un jour, pour se saisir de lui. Parmi ces parents, on veut comprendre Marie, et de là conclure qu’un tel jugement porté par elle sur Notre-Seigneur exclut toute idée de conception virginale.

En admettant, avec la plupart des interprètes, qu’il s’agit dans les deux versets, iii, 21 et iii, 31, des mêmes parents de Jésus, n’est-il pas évident que rien, dans le récit de Marc, n’oblige à admettre que Marie partageait, relativement à son divin Fils, l’opinion défavorable de ceux qui sont appelés ses frères'? Leꝟ. 21 attribue cette opinion seulement à ceux qui, d’une manière générale, sont appelés les siens, oi Trap’aÙTOû. L’ne expression aussi générale ne comprend point nécessairement sa mère. Quant au fait de la présence de Marie, très évident d’après leꝟ. 31, il est suffisamment expliqué par son affection maternelle : sans que rien autorise à l’interpréter dans ce. sens qu’elle partageait l’interprétai ion défavorable mentionnée auy. 21.

2e Argument. — Le recit de la conception virginale est inauthentique parce qu’il ne cadre pas avec les deux généalogies de Notre-Seigneur, telles qu’elles étaient dans la rédaction primitive ou dans les sources utilisées par Matthieu et Luc. Dans cette rédaction ou dans ces sources, il n'était point question de la descendance davidique qui ne fut jamais reconnue par Notre-Seigneur pendant sa vie publique. Il n'était point question non plus de la conception virginale qui n’a pu trouver place dans les documents publics utilisés par Matthieu et Luc, et qui est ainsi d’une époque postérieure.

Réponse. — 1. On ne peut dire que la descendance davidique fût méconnue ou rejetée par Notre-Seigneur pendant sa vie publique. En entrant à Jérusalem, il se laissa proclamer fils de David, Matth., xxi, 9, 15 sq., comme auparavant il avait laissé l’aveugle de Jéricho se servir de la même appellation, Marc, x, 46 sq. Il est vrai que Jésus, argumentant avec les scribes et les pharisiens, leur posait cette interrogation : « Si David appelle le Christ son Seigneur, comment celui-ci est-il son fils'? » Matth., xxii, 43 sq. En cela, le dessein de Notre-Seigneur n'était point de nier qu’il fût le fils de David, mais de montrer que l’on doit croire à sa divinité. Il n’y a donc pas lieu de considérer la descendance davidique comme méconnue par Notre-Seigneur.

2. Le fait que le récit évangélique est favorable à la conception virginale, tandis que les documents publics ont dû ne rien contenir en sa faveur, n’est point une preuve d’inauthenticité. Il suffit d’admettre l’existence de retouches faites par l'écrivain sacré, pour mettre les documents publics en harmonie avec le dogme de la conception virginale qui, ignoré au moment de la naissance de Jésus, était devenu manifeste par l’enseignement donné aux apôtres. Que l’on admette, ou non. l’inspiration divine dirigeant les pensées de l'écrivain sacré, l’existence de telles retouches n’a rien d’invraisemblable.

; Argument. A l’authenticité de Luc. i. 34, 35,

on oppose une antithèse, que l’on dit irréductible, entre la filiation divine exprimée dans ces deux versets et l’idée juive du Fils du Très-Haut, appelé, aux versets précédents, Fils de Dieu en tant que Messie, en tant que roi prédestiné a gouverner, dans la paix et dans la gloire, le peuple élu.

Réponse. En vérité, il n’y a aucune opposition. Tous ces passages expriment la même filiation divine, ((important la consubstant ialité du Fils avec le I Ainsi comprise, la libation divine, bien qu’elle ne soit pas toujours explicitement affirmée dans chacun des textes néo-testamentaires, résulte, avec évidence, de tout leur ensemble. Voir Fils deDieu, t. v, col. 23Il sq.

Loin de contenir l’opposition irréductible qu’on lui reproche, le texte de saint Luc marque une parfaite gradation : à une condition, c’est que l’on admette, comme le texte le fait entendre, la ferme résolution, prise par Marie, de garder une entière et perpétuelle virginité. La manifestation de cette résolution amène la réponse de l’ange, annonçant que cette virginité sera sauvegardée, parce que la conception aura lieu sans intervention humaine. O. Bardenhewer, Maria Verkùndigung, Fribourg-en-B., 1905, p. 13.

A' Argument. — L’inauthenticité de Luc, i, 34, 35, résulte des assertions suivantes : — 1. Les deux particules ÈtteI, v. 34, et Siô, ꝟ. 35, ne peuvent appartenir à la rédaction de Luc. Elles ne se rencontrent dans aucun autre texte de Luc ; ni dans son évangile, si ce n’est pour Stô, vii, 7, si toutefois l’expression y est authentique ; ni dans les Actes. — 2. II y a un parallélisme évident entre le y 31, Ecce concipies in utero et leꝟ. 36 ; parallélisme qui s’oppose à ce qu’il y ait, dans la parole de l’ange, l’interruption violente des yy. 34 et 35. Ces deux versets sont donc une interpolation. — 3. Leꝟ. 35 est une répétition des tf. 31 et 32. Si l’auteur était le même, il se serait comporté très maladroitement. La répétition* n’aurait point été faite pour expliquer la pensée ou pour lui donner plus de force ; l’effet produit serait plutôt disparate. Dans le premier passage, celui qui est promis est appelé un fils de David et le fils du Très-Haut ; expression qui n’a pas besoin d’explication et sur laquelle on ne peut renchérir. Dans le second passage, celui qui est promis est appelé le Fils de Dieu, parce qu’il l’est par sa naissance ; on omet ainsi la filiation de David et l’on n’exprime aucun rapport précis avec ce qui précède. — 4. Pour que la preuve par l’exemple d’Elisabeth, aux yy. 36 et 37, ait un sens véritable, il est nécessaire que, jusque-là, il n’ait point été question d’une naissance par l’opération du Saint-Esprit. Pour Marie, ces paroles sont un gage que la merveille est accomplie, et que Dieu a rendu possible ce qui était physiquement impossible. Si l’annonce de la conception par le Saint-Esprit a déjà été faite, la preuve nouvelle est faible et incapable de convaincre. — 5. Enfin la réplique de Marie, si elle était authentique, conduirait à deux erreurs exégétiques : l'étonnement qu’elle éprouve à l’annonce de son enfantement n’aurait point de motif, puisque d’après le t. 34 elle est fiancée, et l’incrédulité qu’elle manifeste, loin d'être punie, comme celle de Zacharie, serait récompensée.

Réponse. — - 1. Le fait que sttsI et Siô ne sont » employés que cette seule fois par Luc, n’est point une raison pour nier l’authenticité de ces deux passages. Autrement on devrait en rejeter beaucoup d’autres, qui ne sont contestés par personne. Ainsi, selon Bardenhewer, op. cit.. p. 9. on ne rencontre qu’une fois dans le IIIe Évangile, et jamais dans les Actes, les expressions ÈttsiS/j— sp, ettsitx, u.svo’jv. ottote, toÎvov. Il en est de même des particules Sr ;, Siô, xoc6â dans Matthieu, d'è^sî, vaî, onac, dans Marc. d'ëraiTa, y.atTO'.ve. ôxcoç. otcoc. dans Jean.