Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1481

M, il V.BÉ1 — LIVRES DES. I ONTENI

et un nouveau gouverneur, Lysias, Judas porte la guerre en Idumée, bat à nouveau, et avec le puissant secours de cinq cavaliers resplendissants, venus du ciel, Timothée et ses bandes asiatiques, l’enferme dans la place forte de Gazara et prend celle-ci d’assaut. x.

Lysias en personne s’avance alors, à la tête d’une formidable armée, contre Jérusalem. Judas et les siens soutenus encore par un auxiliaire céleste, le mettent en fuite. Le gouverneur offre la paix au nom du roi et garantit aux Juifs, en leur députant Ménélas, protection et libre exercice de leur culte. xi.

Judas et ses partisans parcourent ensuite le pays, châtiant les traîtres et les persécuteurs, battant les Arabes nomades, s’emparant de plusieurs places fortes et remportant encore une grande victoire sur les gouverneurs Timothée et Gorgias. Quelques Juifs ayant succombé dans le dernier combat, Judas fait offrira Jérusalem un sacrifice pour ces morts. xii.

Antiochus Eupator et Lysias, excités par Ménélas, se remettent campagne contre les Juifs. Grâce à la protection de Dieu, Judas les tient en échec, et ils traitent une seconde fois avec lui. xiii.

Sous Demétrius Soter, fils de Seulécus IV Philopator, un certain Alcime, juif hellénisant, réussit à obtenir du roi syrien la charge de grand prêtre. Nicanor, nommé gouverneur de Judée. vient à Jérusalem à la tête d’une armée pour l’installer au temple. Judas l’accueille et traite avec lui. Mais Alcime accuse Nicanor de trahison, et le roi mande au gouverneur de désavouer le traité. Nicanor tente alors de s’emparer de Judas, et n’y ayant point réussi, jure de raser le temple de Dieu, de détruire l’autel, et d’élever à leur place un temple et un autel a Bacchus. Il fait périr, à Jérusalem, un patriote fort considéré nommé Ragis, et sort en ordre de bataille contre Judas qui arrive avec les siens du voisinage de Samarie. xiv-xv, 21.

Judas, qui a vu en songe l’ancien grand prêtre Onias prier pour toute la communauté juive et Jérémie, le prophète de Dieu, lui remettre à lui-même une épée d’or pour, avec elle. exterminer ses ennemis, fait attaquer en invoquant le Maître des cieux. Les Syriens succombent. Nicanor reste parmi les morts. Judas lui fait couper la tête et le bras qu’il avait étendu contre le temple, pour les clouer à la citadelle. Une fête annuelle est décrétée en souvenir de cette heureuse journée de victoire. xv, 21-36.

Le récit s’arrête la, expressément. xv, 37-39.

Ce long récit, pour captivant qu’il soit, et circonstancié, n’a pas pour but premier de raconter l’histoire du premier Machabée. A ce point de vue strictement historique il ne se concilie même que difficilement avec celui du premier livre dont il va être question. Voir Dictionnaire de la Bible, Paris, 1912, t. iv, col. 494-497. Entrecoupé de réflexions de portée religieuse, morale, patriotique, personnelles à l’auteur, distribuant a profusion l’éloge ou le blâme, interprétant ainsi les faits au lieu de les rapporter simplement en les laissant parler d’eux-mêmes, il vise à montrer que Dieu, s’il punit justement les siens, et cruellement parfois, sous la main de leurs ennemis, sait néanmoins les protéger quand ils lui sont fidèles et les faire triompher des plus pressants dangers. De la sorte, il pense entretenir le courage des patriotes, leur zèle pour le culte et les observances juives, même si elles se trouvent proscrites, et leur attachement au temple de Jérusalem qui concrétise tous les souvenirs et tous les espoirs de la nation. Aussi s’arrête-t-il prudemment à la veille de la défaite et de la mort de Judas, craignant sans doute que la mémoire de ce désastre, cause occasionnelle d’une persécution d’Israël « comme il n’y en avait pas eu depuis l’époque des prophètes », I Mac., ix, 27, ne nuisit a l’effet désiré.

A quelle époque, à quelle distance des faits racontés ce livre fut écrit, à quel besoin moral actuel de la communauté juive il entendait subvenir, c’est ce que l’on dira plus loin.

Le premier livre des Machabées, composition historique de très grande valeur, rapporte l’histoire du peuple juif depuis l’avènement d’Antiochus Épiphane au trône de Syrie (an 137 de l’ère des Séleucides, 176-175 av. J.-C.), jusqu’à la mort de Simon, frère de Judas, « prince-gouverneur des Juifs, général et grand prêtre » (an 177 de l’ère des Séleucides, 135 av. J.-C.).

Apres quelques lignes d’introduction touchant les conquêtes d’Alexandre le Grand. sa mort et le partage de son empire, i, 1-9, le livre nous raconte comment Antiochus, a l’instigation de Juifs hellénisants, autorise à Jérusalem la pratique des coutumes païennes, pille le temple, met la ville a sac, y élève une citadelle avec garnison syrienne, frappe d’interdiction le culte du vrai Dieu et les observances de la Loi, impose le culte des idoles étrangères, laisse ériger un autel païen sur le grand autel de la cour du temple, punit de mort, enfin, et les possesseurs des livres saints et les fidèles observateurs du code moral et religieux d’Israël. C’est la colère (de Dieu) déchaînée sur son peuple, grande et véhémente ». i, 10-64.

Ces persécutions amènent la révolte de vaillants Israélites, les hasidéens, les plus dévoués parmi les stricts observateurs de la Loi juive. Sous le direction du prêtre Mattathias et de ses cinq fils, Jean, Simon, Judas, Éléazar et Jonathan, ils parcourent le pays, renversant les autels païens et punissant de mort, à leur tour, les apostats et les agents du monarque syrien, ii, 1-18.

Cette révolte s’accomplit pour le triomphe et le maintient de l’Alliance de Dieu avec les pères, qui ayant mis leur espoir en elle n’ont jamais succombé, ii, 19-70.

A Mattathias, mort en 146 (167-166 av. J.-C). succède Judas Machabée, qui poursuit victorieusement l’œuvre paternelle. Il bat successivement, d’année en année, les généraux d’Antiochus alors partis pour la Perse : Apollonius et Séron, Gorgias, Lysias. iii-iv, 30.

Il restaure le sanctuaire et le culte, reconstruit l’autel et le fait à nouveau consacrer par des sacrifices (an 148 = 165 av. J.-C). Jérusalem est ensuite fortifiée, iv, 36-61.

Des expéditions couronnées de succès sont lancées contre les peuples voisins ennemis des Juifs et alliés ou sujets des Syriens : Iduméens. Galaadites, Galiléens, Arabes, Nabathéens, Philistins d’Azot. v.

Antiochus meurt de chagrin à la nouvelle de ces événements et regrettant ses forfaits (an 149 = 163 av. J.-C). vi, 1-17.

Judas veut alors s’emparer de la citadelle syrienne dressée en face du temple. Antiochus Eupator envoie Lysias à la tête d’une formidable armée pour le distraire de ce dessein. Les Juifs battent en retraite à Beth-Zacharie, et les troupes royales assiègent Jérusalem. Le retour de Philippe, précepteur de l’Eupator, avec les restes de l’année de l’Épiphane refoulée en Perse, amène Lysias a traiter avec les assiégés ; mais le roi fait démolir le mur d’enceinte de la colline de Sion. v, 18-vi.

En 151 (161 av. J.-C), Démétrius Soter, qui s’est emparé du trône de Syrie, fait installer à Jérusalem, par Bacchidès, Alcime de la famille d’Aaron à titre de grand prêtre ; et la persécution reprend contre les hasidéens bernés de discours pacifiques. Judas tient à nouveau campagne contre les renégats, met eu échec Nicanor qui, outré de colère, jure de brûler le temple. Il détruit enfin l’armée syrienne et traite le cadavre de Nicanor tué au début du combat comme il a été dit au deuxième livre. Quelques mois durant, la Judée vit en paix ; un traité d’alliance est même conclu avec les Romains, vii-viii.

Mais, le premier mois de l’an 152 (octobre 161 av. J.-C), Bacchidès revient eu Judée avec vingt-deux